Une enquête menée par la délégation de l’Union européenne au Cambodge et l’équipe ARISE+ révèle que les investisseurs européens restent confrontés à des problèmes de fiscalité, de transparence, d’image de marque et quelques autres…
Comme le souligne cette enquête récente menée par la délégation de l’Union européenne au Cambodge et l’équipe ARISE+ du Cambodge, les investisseurs européens s’intéressent de plus en plus au Royaume, attirés par son écosystème commercial en pleine expansion et son potentiel économique. Toutefois, les préoccupations liées à la fiscalité, à la transparence et à l’image de marque du pays continuent d’avoir un impact sur le niveau des investissements directs étrangers (IDE) européens dans le pays,
L’enquête, lancée à la suite du Sommet des affaires ASEAN-Cambodge de septembre 2023, vise à comprendre le point de vue des entreprises européennes sur l’environnement commercial du Royaume et les niveaux relativement faibles des investissements européens par rapport aux IDE américains et asiatiques.
L’étude adopte une approche qualitative, en interrogeant des représentants de six entreprises européennes ayant des activités importantes en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande, au Vietnam, à Singapour, à Hong Kong et en Malaisie. Ces entreprises, actives dans des secteurs émergents tels que la fabrication de pièces électriques et automobiles, le tourisme et le développement commercial, ont donné un aperçu de l’attrait du marché cambodgien d’un point de vue européen.
Les défis administratifs et bureaucratiques au cœur des préoccupations
L’une des principales préoccupations mises en évidence par l’enquête concerne les difficultés administratives et bureaucratiques auxquelles les investisseurs sont confrontés au Cambodge. Le processus est souvent décrit comme étant long et préjudiciable à l’exécution rapide des opérations commerciales. Dans le secteur du tourisme en particulier, il est demandé au Cambodge d’assouplir sa politique en matière de visas et de simplifier les procédures de demande, en établissant un parallèle avec les politiques plus accommodantes de ses voisins.
L’enquête met également en lumière les complexités du système fiscal cambodgien, une source de frustration considérable pour les investisseurs européens. Les complexités et les inégalités perçues dans les procédures d’importation et les droits de douane sont signalées comme des obstacles majeurs. Malgré quelques évolutions positives au cours des deux dernières décennies, notamment une réduction significative des paiements forfaitaires, la fiscalité demeure une question controversée.
Image du Cambodge
L’image du Cambodge dans le monde est un autre sujet de préoccupation. Le potentiel du pays en tant que centre de fabrication et de distribution n’est pas encore pleinement exploité, en partie à cause de sa réputation internationale. Les efforts déployés par les chambres de commerce internationales pour favoriser un écosystème favorable aux entreprises sont louables, mais l’image du pays entrave encore l’accès au financement et à des possibilités d’investissement plus larges.
« L’amélioration de la réputation du Cambodge sur la scène mondiale par le biais de séminaires internationaux et de tournées de promotion est suggérée comme une mesure stratégique pour attirer davantage d’investissements. »
Changements positifs sous le nouveau gouvernement
L’enquête aborde également l’interaction limitée entre le Cambodge et les marchés d’Europe du Nord, ce qui souligne un domaine potentiel de croissance. Le renforcement des liens avec les gouvernements étrangers, les organisations industrielles et les entreprises pourrait faire passer le Cambodge du statut de destination touristique à celui de destination lucrative pour les investissements.
Malgré les défis, l’enquête note des changements positifs dans le climat d’investissement au Cambodge, en particulier sous le nouveau gouvernement qui est entré en fonction en 2023.
« Ces changements sont observés non seulement dans la croissance économique robuste du pays, mais aussi dans la capacité du gouvernement à gérer les crises, comme en témoignent les campagnes nationales de vaccination efficaces. »
Les efforts continus de développement des infrastructures, en particulier à Phnom Penh et dans la ville portuaire de Sihanoukville, commencent à porter leurs fruits, contribuant à un écosystème commercial en plein essor, adapté à la fois à la production de filiales locales et à un marché intérieur en pleine croissance.
Le rapport conclut qu’en dépit de l’existence d’obstacles importants à l’investissement européen au Cambodge, les opportunités l’emportent de plus en plus sur ces défis. La croissance économique du Cambodge au cours des deux dernières décennies permet d’envisager avec optimisme les investissements futurs. Cependant, la réalisation de ce potentiel dépendra des améliorations continues dans les domaines identifiés, en particulier dans les processus politiques et administratifs, la transparence et le marketing international proactif.
Main-d’œuvre
La main-d’œuvre cambodgienne est au cœur de la productivité totale des facteurs (PTF) et de la stratégie de développement économique du pays. En ce qui concerne les intrants de la PTF, la main-d’œuvre est la ressource la plus abondante du Cambodge, avec une force de travail jeune dont l’âge moyen est de 27 ans. Au cours de la dernière décennie, la main-d’œuvre a été un pilier essentiel pour favoriser le développement du secteur de l’industrie légère ; toutefois, la compétitivité dépend fortement de facteurs tels que l’éducation, la productivité et les salaires. Dans ce contexte, les personnes interrogées ont mis l’accent sur les thèmes de l’éducation et de la formation, de la productivité et du coût de la main-d’œuvre.
L’équilibre entre le coût de la main-d’œuvre et la productivité au Cambodge a créé des conditions favorables à la croissance du secteur de l’industrie légère, diversifiant ainsi l’économie au détriment de l’agriculture.
« Toutefois, il est difficile de trouver une main-d’œuvre hautement qualifiée et des cadres compétents en raison de problèmes liés au cadre éducatif et au système hiérarchique du pays. »
Pour accroître la productivité globale à mesure que le pays progresse, il est impératif de trouver un équilibre entre le coût de la main-d’œuvre et la productivité des travailleurs. Toutefois, comme le pays aspire à diversifier son économie, l’importance du capital (machines) et des autres intrants dans l’équation de la productivité totale des facteurs deviendra plus prononcée à l’avenir.
Énergie
Le paysage énergétique du Cambodge s’améliore rapidement, passant de 6,6 % de Cambodgiens ayant accès à l’électricité en 2000 à 97,5 % en 2021. Le gouvernement cambodgien a mis en place de nombreux plans pour montrer que la sécurité énergétique est une priorité de développement, notamment le plan directeur de développement de l’énergie 2022-2040, qui représente la première stratégie du Cambodge pour le secteur énergétique national, et la politique nationale d’efficacité énergétique.
« L’objectif est d’assurer un approvisionnement plus régulier en électricité à des prix stables par l’intermédiaire du fournisseur d’électricité public et de se protéger ainsi de la volatilité récurrente des prix à l’échelle mondiale. »
Actuellement, le Cambodge est encore très dépendant des combustibles fossiles importés qui alimentent les générateurs et l’électricité importée. Par conséquent, les tarifs de l’électricité au Cambodge sont parmi les plus élevés d’Asie. En outre, le réseau électrique national ne couvre pas l’ensemble du pays, ce qui prive certaines zones rurales d’électricité. Les problèmes cités par les personnes interrogées sont l’absence de cadre réglementaire pour les énergies renouvelables, les coûts initiaux élevés des projets d’énergie renouvelable et le manque d’accès à des options de financement abordables.
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