Bien que consciente des risques liés à l'utilisation d'un radeau précaire, une jeune fille se voit contrainte de recourir à ce moyen de transport peu conventionnel pour se rendre chaque jour à l'école.
Chhong Kunthea, une petite Cambodgienne de six ans, affronte les eaux du Tonlé Sap à bord de son embarcation de fortune, naviguant sur les quelques vagues qui parfois déstabilisent son radeau. Sa destination : l’école flottante, où elle est impatiente d’apprendre.
Kunthea est issue d’une famille de six frères et sœurs. Elle est la quatrième enfant de son père, Euy Kim, âgé de 40 ans, et de sa mère, Phat Chantha. Elle est actuellement en première année à l’école primaire Mechrey, un établissement flottant situé dans le village de Peam Ta Or de la commune de Keo Poa de la province de Siem Reap.
La maison de sa famille est également une structure flottante et, en raison de contraintes financières, elle doit utiliser ce radeau artisanal pour se rendre à l’école.
Pour Kunthea, chaque trajet jusqu’à l’école est semé d’embûches. Elle n’a pas confiance en ses capacités de nageuse et craint de se noyer en cas de vents violents. Cependant, sa soif de connaissances la motive à braver les eaux. Parfois, elle a même du mal à trouver un moyen de transport, car le sien nécessite de fréquentes réparations, ce qui l’amène à demander de l’aide à d’autres personnes possédant un bateau.
Kunthea connaît des jours meilleurs après avoir été filmée lors d’un de ses trajets réguliers vers l’école au début du mois d’août. Depuis l’apparition de la vidéo sur YouTube Rumduol TV, elle a reçu quelques dons généreux.
« Je suis si heureuse d’avoir obtenu deux bateaux que je peux utiliser pour aller à l’école. Je ne monte plus dans mon vieux radeau en mousse », dit-elle.
Son père, Kim, explique qu’il a d’abord hésité à laisser Kunthea aller à l’école pour des raisons de sécurité. En raison de ressources limitées, la famille ne possède qu’un seul bateau, utilisé pour ramasser les escargots.
Comme sa fille insistait pour aller à l’école, il a rassemblé suffisamment de matériaux pour bricoler l’embarcation de 1,5 m. Les limites de celle-ci n’ont fait qu’accroître son inquiétude. Mais l’amour de Kim pour sa fille et sa détermination inébranlable l’ont finalement convaincu de la soutenir dans son enthousiasme pour l’école.
« Aujourd’hui, Kunthea est heureuse. Je remercie les donateurs qui ont fait preuve de tant de compassion à son égard. Elle m’a dit qu’elle se battrait pour apprendre, même si nous vivons au bord de l’eau », confie-t-il.
Chhuon Sovanna, le directeur de l’école primaire de Mechrey, indique qu’avec 248 élèves, l’école accueille les classes de la première à la sixième année, ainsi que deux classes de maternelle. Bien que tous les élèves utilisent des bateaux pour se rendre à l’école, aucun incident de noyade ne s’est produit. L’école insiste sur la sécurité et la prudence auprès des élèves et des parents, afin que chacun reste vigilant lors de ses déplacements sur l’eau.
L’école reçoit un soutien de diverses sources, dont OneChild, une association à but non lucratif, et bénéficie d’une collaboration entre le ministère de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports et le département provincial de l’éducation de Siem Reap pour fournir du riz à 41 élèves défavorisés et allouer des fonds à 20 autres élèves chaque année.
Sok Loeur, chef du village de Peam Ta Or, tient a souligner le mode de vie unique de la communauté, où 286 maisons flottantes accueillent 400 familles de pêcheurs. Les résidents, malgré leurs conditions de vie peu conventionnelles, se sont bien plutôt bien adaptés à la vie sur l’eau et ne rencontrent pas de dangers significatifs.
Ly Bunna, directeur du département de l’éducation de la province de Siem Reap, affirme que même si les parents apprennent généralement à leurs enfants à nager, il est entendu que ceux qui ne savent pas nager ne doivent pas être envoyés à l’école pour des raisons évidentes de sécurité.
Malgré les difficultés rencontrées par les élèves de ces écoles, l’histoire de Kunthea témoigne de la détermination et du pouvoir de transformation de l’éducation.
Kim Sarom avec notre partenaire The Post
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