La plage d’Ochheuteal est demeurée pendant longtemps la destination privilégiée des vacanciers en quête de séjour bon marché, de fêtes qui duraient parfois toute la nuit, de bières à 50 cents et autres « loisirs divers » bon marché.
C’était une époque qualifiée souvent de bohème ou insouciante malgré une pollution du littoral peu mentionnée et peu romantique et une criminalité particulière, encore moins romantique, déjà bien présente.
Les cabanons servant de restaurant, salle de billard ou autre, avec leurs salons de rotin ou osier à même la plage ont disparu quasiment dès l’arrivée des Chinois en 2018.
La plage d’Ochheuteal sera alors en travaux pendant de longs mois. Avec quelques restaurants qui étaient restés, quelques boutiques rudimentaires et une gigantesque esplanade de gravier et rocaille, la plage n’avait pas fière allure et la foule « sino-bruyante » qui s’y agglutinait en soirée ne favorisait pas l’exotisme de l’endroit.
Jusqu’à ce qu’ils partent
Aujourd’hui, des efforts ont été entrepris pour le nettoyage du littoral, quatre stations d’épuration fonctionnent et plusieurs autres sont en construction. L’accès à la plage se fait à présent par ces très larges trottoirs construits grâce aux subsides chinois et les cabanons rudimentaires ont laissé place à des bungalows en dur, d’architecture plus que simple et uniforme.
Mais, les restaurants et leurs abords sont propres, correctement éclairés et plutôt calmes.
Époque mouvementée
Concernant l’arrivée des Chinois, il parle d’une époque « mouvementée et curieuse. Ils étaient si nombreux, je ne savais pas où donner de la tête. Je travaillais pour un restaurant qui était resté ouvert même pendant les travaux », dit-il.
Il confie quelques anecdotes comme ces groupes de Chinois qui se promenaient sur la plage avec leur sac de plastique rempli de dollars. Promenade iodée avant d’aller flamber au casino.
Paradoxalement, ce n’est pas un mauvais souvenir. Séduits par son dynamisme et son sérieux, les nouveaux propriétaires chinois du restaurant ou il travaillait l’on gardé et passé son salaire de 150 à 400 dollars.
« Les Chinois étaient exigeants, les clients ne donnaient pas de pourboire, mais j’étais bien payé »
Cependant, le propriétaire de son logement avait profité de l’abondance chinoise pour augmenter le loyer de sa chambre de 50 à 150 dollars. Ce qui aura malheureusement et logiquement quelque incidence sur son augmentation de salaire.
Départ
La clientèle de casino et les investisseurs pressés sont partis début 2020 et Sok Han conservera tout de même son emploi jusqu’à ce que le Covid-19 frappe.
« Cela a été une période difficile, très peu de clients, ce fut le jour et la nuit en comparaison avec la présence chinoise »
Mais le courageux Cambodgien décidera de rester jusqu’au jour où il aura l’opportunité pour travailler pour l’un des nouveaux restaurants du littoral, repris par un Cambodgien et géré par un jeune Australien. Pour Sok Han, Sihanoukville tend à devenir à présent une destination moins « olé ».
« Nous commençons à avoir pas mal de monde pour les weekends et les vacances. Ce sont majoritairement des Cambodgiens. Il reste encore des Chinois, mais ce sont des gens plus éduqués que la clientèle de casino. En revanche, je vois très peu d’Occidentaux pour le moment », explique-t-il.
Au moment d’apporter l’addition, le jeune homme prend la peine de justifier les prix sensiblement plus élevés qu’auparavant :
« À l’époque des cahutes, personne ne payait de loyer, ou alors de façon informelle. Aujourd’hui c’est différent, les propriétaires de restaurant payent plusieurs centaines de dollars de loyer, les choses changent ».
Enfin quant à l’éventualité de changer de ville, Sok Han s’exclame :
« Je ne crois pas, parfois, j’ai failli devenir fou avec tous ces changements, mais je suis content de ma situation aujourd’hui, en espérant que cela dure… ».
Comments