Dans les années 1960, la province de Banteay Meanchey était réputée pour sa production de soie, déclare l’Institut du Mékong, qui travaille sur le développement de la filière.
Comme tous les secteurs économiques au Cambodge, la guerre et les conflits des années 1970 et 1980 ont mis fin à la production de soie. Et les initiatives prises depuis les années 1990 n’ont pas réussi à ramener le secteur à son niveau d’antan, indique l’institut. Pourtant, la production se poursuit, notamment dans le district de Phnom Srok, où l’institut a lancé un modeste projet auquel participent environ 85 ménages.
La production de soie implique la culture de mûriers, indispensables aux vers à soie, qui se nourrissent de leurs feuilles.
Afin de préserver et de promouvoir le secteur de la soie au Cambodge, le ministère de l’Agriculture, des forêts et de la Pêche a fourni en 2020 des graines de mûrier aux agriculteurs et organisé des formations sur les techniques de culture, l’élevage des vers à soie et les processus de production de la soie à l’intention des habitants des provinces de Banteay Meanchey, Kampong Chhnang, Kampot, Siem Reap et Takeo.
Mais jusqu’à présent, la production de soie n’a pas réussi à répondre à la demande. Selon le ministre de l’Agriculture, Veng Sakhon, cela est dû au fait que les méthodes traditionnelles continuent d’être utilisées au lieu de favoriser l’innovation.
« Le développement de la production de mûrier est encore limité parce que la culture du mûrier, l’élevage du ver à soie, la production de soie et le tissage traditionnel n’ont pas changé », dit-il.
« On peut dire que les gens manquent encore de connaissances sur les techniques de plantation et la sélection de vers à soie de qualité », ajoute-t-il.
Nim Marin, ancienne experte en formation sur la soie khmère au Centre national de la soie dans la province de Siem Reap, confie qu’elle est également préoccupée par le déclin du secteur de la soie au Cambodge, soulignant que les cultivateurs de mûriers sont de moins en moins conscients de ses avantages.
Marin, qui a travaillé plus de 20 ans dans le secteur de la soie, a dû annuler ses cours de tissage de la soie, son activité favorite, en raison de la pandémie de COVID-19.
« Je suis vraiment inquiète pour l’industrie de la soie cambodgienne », dit Marin.
« Il n’y a pas beaucoup de cultivateurs de mûriers de nos jours parce qu’ils ne comprennent pas les bienfaits de ces arbres »
Marin, qui personnellement cultive plus de 100 mûriers, déclare qu’il n’est pas difficile de faire pousser ces arbres, car ils peuvent être plantés dans n’importe quel type de sol et ne nécessitent que des soins intensifs pendant les trois premiers mois. Ensuite, les vers à soie peuvent confectionner leurs cocons dans les arbres, cocons qui deviendront plus tard des fils de soie.
Marin avance qu’elle espère pouvoir bientôt former des artisans afin de pouvoir partager ses connaissances et son expérience avec ceux qui souhaitent préserver la tradition de la soie cambodgienne.
Depuis le milieu des années 2010, plusieurs programmes ont été lancés pour encourager la production de soie. En 2016, le gouvernement a dévoilé sa stratégie nationale de la soie visant à étendre le rôle du secteur de la soie dans l’économie du pays et en réponse à la demande croissante de produits en soie au niveau national et international.
En juin 2019, le Khmer Silk Center du Cambodge a été inauguré à Phnom Penh dans le cadre des projets du pays visant à développer l’élevage de la soie et à revitaliser le secteur.
Le Japon et le Programme des Nations unies pour le développement au Cambodge travaillent également en tant que partenaires du gouvernement pour aider les agriculteurs à développer la production de soie de qualité.
Thmey Thmey avec l’aimable autorisation de Cambodianess
Comments