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Cambodge & Tourisme : L'Inde pourrait devenir la « prochaine Chine » en termes de croissance du tourisme émetteur

La compagnie nationale Cambodia Angkor Air a annoncé la création d’une nouvelle ligne aérienne, offrant des vols directs entre Phnom Penh et la capitale indienne, New Delhi. Un virage stratégique vers une clientèle prometteuse alors que le secteur du voyage subit le contrecoup de la réouverture plus lente que prévu de la Chine.

Bien que la compagnie cambodgienne n’ait pas encore donné de détails sur les horaires des vols, le Secrétariat d’État à l’aviation civile a confirmé à la presse locale que Cambodia Angkor Air avait bien reçu l’approbation des autorités cambodgiennes et indiennes pour ces futures liaisons aériennes.

Cette décision, saluée par l’ambassade indienne à Phnom Penh comme une « étape remarquable et une réalisation historique dans la forte collaboration entre ces deux nations et susceptible d’ouvrir des opportunités dans le tourisme et les partenariats commerciaux », s’inscrit dans un contexte de forte croissance du tourisme indien alors que les voyageurs en provenance du pays le plus peuplé du monde affluent en Asie du Sud-Est et que le pays consolide ainsi sa position en tant que marché clé pour un secteur du voyage qui subit le contrecoup de la réouverture plus lente que prévu de la Chine.

Plusieurs compagnies thaïlandaises et vietnamiennes l’ont compris et profitent déjà l’essor de la classe moyenne indienne et de son pouvoir d’achat en forte hausse.

Selon les experts du secteur, l’Asie du Sud-Est est manifestement très bien positionnée pour accueillir une grande partie de la croissance qui viendra inévitablement d’Inde.

L’industrie du voyage demeure essentielle pour plusieurs économies de la région et représentait environ 12 % du produit intérieur brut de la région avant la pandémie. Le Cambodge se situe légèrement en dessous de cette moyenne, 11,5 %, alors qu’il se situait à 32,7 % en 2019 avec une croissance annuelle de 4,7 % depuis l’année 2000.

Le secteur du tourisme emploie également plus de 40 millions de personnes dans la région et, pendant une dizaine d’années, le secteur a été alimenté par la Chine, mais les données officielles concernant l’Asie du Sud-Est montrent une reprise bien trop lente, le nombre de visiteurs chinois en 2023 étant inférieur d’environ 60 % à celui de 2019.

« En Thaïlande, les Indiens représentent aujourd’hui près de 10 % de la clientèle touristique et c’est une manne presque inespérée », confie le directeur d’une grande chaine d’hôtels opérant dans le monde entier et au Cambodge.

Ce dernier souligne également que le Royaume se trouve également confronté au coût du visa touristique alors que les pays voisins, Thaïlande et Vietnam proposent des visas gratuits pour certains voyageurs d'une vingtaine de pays environ.

Selon les experts du secteur, « Une augmentation à long terme du nombre de touristes indiens entraînera un recalibrage de la capacité des compagnies aériennes, des offres d’accueil et des opérateurs touristiques » et l’Inde pourrait bien devenir la prochaine Chine « en termes de croissance du tourisme émetteur » au cours de la prochaine décennie.

Selon la Banque Asiatique de Développement, bien que la connectivité soit encore limitée par le nombre réduit d’aéroports, « l’Inde permettra de franchir un pas historique dans le secteur au cours de cette décennie d’après Covid ».

En Thaïlande, où le tourisme est un pilier de l’économie, le nombre de touristes indiens - bien que moins nombreux que les Chinois en termes absolus - n’est inférieur que d’environ 14 % à ce qu’il était en 2019.

Tanes Petsuwan, gouverneur adjoint de l’Autorité du tourisme de Thaïlande, a déclaré que 1,6 million d’Indiens devraient visiter le royaume cette année. En mai 2023, les Indiens ont été plus nombreux que les Chinois à visiter Singapour, tandis que le même mois, près de 63 000 Indiens ont visité l’Indonésie, contre un peu plus de 64 000 Chinois.

« Les liaisons avec l’Inde sont très importantes », avance Chai Eamsiri, directeur général de Thai Airways, qui assure 14 vols par semaine avec la Chine - contre 40 avant la pandémie - et 70 vols par semaine avec l’Inde.

Une partie de la flotte d’avions à fuselage étroit de Thaï, qui pourrait doubler au cours de la prochaine décennie, sera déployée en Inde. La compagnie aérienne indienne IndiGo, qui a commandé 500 Airbus pour répondre à la demande régionale, a déclaré qu’elle avait constaté une « forte augmentation » des liaisons entre l’Inde et l’Asie du Sud-Est, qu’elle relie avec plus de 100 vols par semaine.

Globalement, la capacité en sièges sur les vols réguliers entre la Chine et l’Asie du Sud-Est était inférieure de 57 % aux niveaux d’avant la crise du COVID, mais les vols au départ de l’Inde vers la région ont bondi d'environ 90 %.

Les Indiens contribuent donc largement au rebond post-pandémique des chaînes hôtelières, dont Minor Hotels, qui possède 45 établissements en Asie du Sud-Est et plus de 6 000 chambres.

« Le marché indien est devenu l’un de nos principaux marchés sources réguliers », avance le PDG Dillip Rajakarier, ajoutant que la chaîne hôtelière a intensifié son marketing dans toute l’Inde.

L’ambassade royale du Cambodge en Inde a travaillé en étroite collaboration avec son homologue indienne pour parvenir à une décision finale sur les vols directs entre les deux pays.

Entre-temps, l’aviation civile cambodgienne a donné son accord à la compagnie indienne Indigo Air pour opérer des vols entre New Delhi et Siem Reap. Les données du ministère du tourisme cambodgien indiquent que le Cambodge a accueilli 68 836 visiteurs indiens en 2023, soit une augmentation de plus de 102 % par rapport aux 34 016 visiteurs de l’année précédente, mais un chiffre encore bien loin des statistiques thaïlandaises.

Par ailleurs, soucieux de rattraper le retard, le Cambodge et l’Inde ont également formé une équipe technique pour entamer des négociations en vue d’un accord bilatéral de libre-échange qui renforcerait le commerce, l’investissement et la coopération commerciale entre les deux pays.

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