Au nord de Phnom Penh et en traversant le Mékong à bord d’un ferry, Koh Dach, appelé l’île de la soie, abrite de nombreuses maisons sur pilotis faites de bois, de roseaux ou de feuilles de palme, enfouies dans une végétation luxuriante.
Il est possible d’en visiter certaines qui possèdent un ou plusieurs métiers à tisser traditionnels, pour une initiation à la fabrication de kramas, grands foulards traditionnels cambodgiens ou de sarongs.
La création d’une écharpe de taille classique demande 8 à 10 heures de travail méticuleux en comptant l’assemblage des fils de coton, le tissage et la finalisation. Les kramas se vendent sur les marchés ou dans les commerces de Phnom Penh.
Sur cette petite île de 12 km de long et 3 km de large en forme d’amande, au milieu de superbes rizières, de manguiers, vous découvrirez l’emblème de Koh Dach : le palmier à sucre. De cet arbre surnommé « l’arbre de vie », on utilise la sève pour fabriquer du sucre destiné à la consommation locale. Outre la sève et les fruits, cet arbre est utilisé dans la fabrication d’espadrilles, d’ustensiles de cuisine ou pour la cosmétique.
Prenez le temps de visiter Koh Dach et vous balader sur les chemins de terre pour visiter de nombreux temples bouddhistes richement décorés, des marchés, des commerces ambulants et profiter de la plage de sable fin au nord de l’île.
Le tissage des kramas en soie, un art cambodgien
La soie est une fibre d’origine animale, sécrétée par des chenilles de certains papillons. Elle est produite à partir du cocon de la chenille du Bombyx du mûrier. La femelle du Bombyx pond de 300 à 500 œufs et meurt peu après. Ces œufs mesurent quatre millimètres après cinq semaines passées à manger des feuilles de mûrier pour seule nourriture.
Durant 36 semaines, ces vers à soie atteindront dix centimètres. Ensuite les chenilles grimpent sur des supports et commencent à filer le cocon à l’intérieur duquel elles se transformeront en chrysalides. Environ neuf jours après leur fabrication, les cocons sont enlevés de leur support.
La filature
chaque cocon n’est fait que d’un seul fil, constitué de deux brins de fibroïne enveloppés de grès, une matière qui colle les deux brins en un fil et les fibres, pour former le cocon. La solubilité du grès dans de l’eau chaude permet de tirer le fil et de dévider le cocon. Pour en trouver l’extrémité, on plonge les cocons dans l’eau bouillante et on les remue constamment avec un bâton qui accroche les premiers fils de dévidage. Si un fil est trop fin, on en réunit plusieurs qui se soudent en refroidissant lors du dévidage.
Le tissage des foulards de soie au Cambodge est un art qui requiert patience et précision. Pour les kramas de couleurs naturelles, les Cambodgiens utilisent des écorces d’arbres, des feuilles et des fruits bouillis. Les fils de coton sont teints plusieurs fois pour obtenir le coloris désiré, puis séchés.
La préparation du métier à tisser en bois est une étape minutieuse pour la tisserande.
Quatre étapes sont nécessaires pour réaliser le tissage :
Le bobinage : première étape qui consiste à dérouler la soie des écheveaux sur des bobines.
L’ourdissage : seconde opération qui définit la largeur du tissu et consiste à dévider les bobines sur l’ensouple, où les fils de chaîne sont enroulés de manière parallèle et selon un ordre précis.
L’empeignage : troisième étape, faire passer les fils de chaîne dans les dents du peigne, dont l’espacement déterminera la densité des fils.
L’enfilage : quatrième étape, les fils de chaîne sont séparés par des lisses de coton disposées sur différentes lames, elles-mêmes reliées aux pédales du métier à tisser. Cette dernière étape définit le type de tissage.
Texte et photographies par Fabienne Nigon © Tous droits réservés
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