Le premier Gala de Charité de la Chambre de Commerce France Cambodge aura lieu le 3 avril 2025 au Sofitel Phnom Penh Phokeethra. Tous les fonds récoltés seront reversés aux associations Happy Chandara School - Toutes à l'école - NGO et Planète Enfants & Développement Cambodia. L'occasion de revenir sur notre interview sur le terrain avec Tina Kieffer, fondatrice et présidente de l'association cambodgienne « Happy Chandara ».

En toute simplicité mais, avec l'énergie et la détermination qui la caractérise, Tina Kieffer s'est volontiers prêtée au jeu de l'interview « flash ». Dix petites minutes seulement au cours desquelles elle parviendra à expliquer comment et pourquoi elle a changé de vie, les difficultés, mais aussi les joies et bonheurs que lui procurent les jeunes Cambodgiennes dont son association a la charge.
Entretien
Parlez-nous de Tina aujourd’hui
En fait, oui, je suis une ancienne journaliste et j’ai complètement changé de vie. Il a maintenant environ 15 ans, je suis tombée folle amoureuse du Cambodge. j'étais venue ici au cours d’un voyage et j’étais encore journaliste à l’époque, je dirigeais la rédaction du magazine Marie-Claire.
« Puis j’ai rencontré une petite fille qui n’allait pas bien du tout dans un orphelinat. Cela m’a bouleversée et je me suis dit que je devais sortir de là cette petite fille de quatre ans. »
C’était assez compliqué, car l’adoption était fermée à ce moment-là. Mais, j’ai tout de même réussi à l’amener en France. Et quand je l’ai amenée là-bas, je me suis dit que ce serait quand même bien d’aller plus loin, ne pas sauver simplement une enfant, car je voyais la condition des petites filles à l’époque et c’était difficile. Il y avait encore de la prostitution enfantine, beaucoup de petites mendiantes… donc je suis rentrée en France avec l’idée de fonder une école.
Et, comme j’étais chez Marie-Claire, j’avais tout de même quelques leviers et j’ai décidé de mobiliser le journal autour de l’éducation des filles. Et, j’ai lancé cet événement qui s’appelait « La Rose Marie-Claire » qui a permis de financer le premier bâtiment de l’école. Et c’est ainsi que tout a commencé et que, petit à petit, j’ai abandonné le journalisme parce que j’étais complètement inspirée par l’école.
Aucune hésitation pour un projet lancé dans un pays traumatisé ?
Cela m’a motivée pour continuer dans l’éducation, car on sait très bien que les Khmers rouges ont tué la quasi-totalité des intellectuels, les médecins, les professeurs… et, à cette époque-là, vers 2005 ou 2006, quand vous alliez dans les écoles privées, on comptait parfois 60 gamins par classe, avec des professeurs qui avaient vraiment beaucoup de mal.

Donc, de fonder une école avait vraiment du sens. Encore plus de sens pour les filles, car, dans les écoles publiques, il y a principalement des garçons et les filles restent à la maison. Donc, j’étais très motivée. De toute façon, je savais que les Khmers rouges n’allaient pas revenir…
Première émotion avec Happy Chandara ?
Je crois que c’était la première rentrée des classes. Une centaine de petites filles sont rentrées dans la cour en se tenant par la main. En plus, cela tombait le jour de mon anniversaire et je me suis dit dans ma tête « bon anniversaire, ma vieille » (sourire). Finalement, cela a été assez vite.
« En un peu plus d’un an, j’ai trouvé les terrains, j’ai fait construire le bâtiment, c’était un projet dans lequel je me suis engagée à 1000 %. »
Et, d’un seul coup, ça existait ! Les petites étaient là. Et puis surtout, la première émotion a été peut-être la deuxième cour de récréation. En effet, au début elles étaient complètement tétanisées, plutôt inquiètes, car elles sortaient de leur bidonville. Et, très rapidement, elles deviennent des petites filles comme les autres. Elles apprennent à sauter à la corde, elles rigolent, elles font les petites fofolles et là, je me suis rendu compte que non seulement on allait leur donner une instruction, mais aussi beaucoup de bonheur.
Parlez-nous de vos soutiens
Cela est venu beaucoup de la rédaction et des journalistes de Marie-Claire que j’avais mobilisées pour la cause. J’ai pu avec le journal faire des reportages sur l’éducation des filles et donc médiatiser l’école. J’ai aussi eu du soutien aussi de la part des grandes journalistes de l’info comme Claire Chazal, Élise Lucet et Béatrice Schoenberg qui étaient un peu des copines.
« Et, en tant que journalistes, elles savaient l’importance de l’éducation des filles donc elles m’ont permis de médiatiser le projet. »
Pour pouvoir ensuite trouver des fonds, car, comme vous le savez, vous connaissez le proverbe « on ne prête qu’aux riches ». Si vous n’avez aucune notoriété, c’est très dur de lever des fonds. Donc, j’ai été aidée par ça, mais, aussi par des sociétés comme Sephora et L’Oréal, mais bon, ce n’est pas pour cela que c’est facile.
En effet, ensuite, il faut construire, monter une équipe, recruter les bons profs, penser au programme pédagogique, mais c’est vrai que j’ai été soutenue par des personnes vraiment fidèles — ce n’était pas évident au début — et j’ai eu plutôt de bonnes surprises.

Quels projets pour Happy Chandara ?
Je ne vais peut-être pas créer une autre école, car c’est très lourd à porter. Il faut lever des fonds et on ne peut pas dire que le contexte international rassure beaucoup actuellement. En revanche, on se rend compte que nos élèves ont des résultats auxquels franchement je ne m’attendais pas. Elles ont eu 100 % de réussite au bac. Nous avons pris 400 nouveaux élèves qui sont en post-bac.
« Donc, l’idée est de former ces jeunes femmes qui plus tard vont faire bouger le pays. »
Par exemple, beaucoup d’entre elles se dirigent vers la protection de l’environnement, nous en avons trente qui sont en faculté d’agriculture, et qui s’orientent de préférence vers l’agriculture bio comme nous le faisons ici.
Donc, l’idée est de non seulement qu’elles deviennent des femmes instruites et donc libres, mais qu’elles participent aussi à la reconstruction du pays. Donc, cela demande beaucoup de travail, car il faut les accompagner, les envoyer dans les bonnes écoles et les orienter vers des métiers utiles.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus au Cambodge ?
Je parlerais peut-être de la population. Il y a une chose qui m’a toujours marquée ici : quand vous allez dans les endroits assez pauvres comme dans cette zone, les gens sont extrêmement souriants, personne ne vient mendier, ils vivent dans des conditions très précaires et gardent le sourire. Ce qui est très intéressant aussi et prête à réflexion, c’est l’attitude très différente de certains nouveaux riches qui ne sont pas souriants du tout et qui tirent la g….. e.
« Cela fait finalement un peu réfléchir sur la façon de trouver un sens à la vie. Ici, certaines personnes n’ont pas grand-chose, mais restent ouvertes. »
Je pense que c’est cela qui m’a séduite. Puis, mon cinquième enfant est une Cambodgienne et je pense que cela influence également mon amour pour le pays.
Donc, vous êtes une fondatrice et présidente heureuse
Absolument, je suis une fondatrice et une présidente heureuse. Oui ! Elles me rendent heureuse et me le rendent au centuple. Franchement, je pensais qu’on aurait du décrochage en fin de troisième, mais non.
« Nous ne voulons pas arrêter, nous voulons avoir le bac », disent-elles alors que vous voyez que les mamans ne savent ni lire ni écrire et viennent d’un milieu très difficile. Donc cela, je ne m’y attendais pas. Il est vrai que nos équipes les ont beaucoup motivées, ce n’est pas seulement de l’instruction, c’est aussi de l’éducation, c’est la santé… nous avons une approche globale.
Mais, franchement, elles m’épatent, vraiment elles m’épatent.

Retirez dès maintenant vos billets de tombola à 10 $ à l'adresse communication@ccifcambodge.org.
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3 avril 2025 - 18h00
Sofitel Phnom Penh Phokeethra
Membres de la CCIFC : 110$ / Non-membres : 130
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