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Cambodge & Société : Quand les livres (re)deviennent populaires durant la pandémie

Avec les restrictions et une situation sanitaire plutôt fluctuante, cette année d’incertitude a poussé davantage de Cambodgiens dans les livres pour s’occuper, étudier ou se distraire.

Quand les livres (re)deviennent populaires durant la pandémie
Quand les livres (re)deviennent populaires durant la pandémie

Que ce soit pour l’éducation, le développement ou le plaisir, les livres prennent apparemment un rôle bien plus important dans la vie des jeunes Cambodgiens. Alors que la pandémie crée stress et incertitude chez beaucoup, les jeunes du royaume semblent se réfugier plus que jamais dans la lecture. Ce phénomène a aussi provoqué une augmentation sensible des publications chez les auteurs locaux. Les habitudes de lecture ne sont pas forcément bien enracinées dans la société cambodgienne et il a longtemps été suggéré que la lecture devait être encouragée chez la jeunesse d’aujourd’hui. Et, cela semble se produire aujourd'hui.

Avec la pandémie et ses restrictions, beaucoup se sont adaptés au travail à domicile ou aux études en ligne et passent également plus de temps à lire des livres, ce serait alors l’un des rares points positifs de la pandémie.

Jamais sans mon livre

Étudiante à l’université de Phnom Penh, Chan Sokunthy explique qu’elle a modifié ses habitudes avant de dormir. Au lieu de consulter son téléphone, elle préfère lire. « Avant, à chaque fois que je tenais un livre, je m’endormais », dit-elle, ajoutant que :

« J’ai appris que l’usage intensif des smartphones n’était pas très recommandé ni très productif. Je m’aperçois aujourd’hui qu’en prenant le temps de lire, je suis plus relax et je peux laisser vagabonder mon imagination »

Sokunthy passe beaucoup de son temps à lire et à emprunter des livres à la Scholar Library, une bibliothèque de la capitale qui propose tous types de livres au public. Dans cet endroit, elle raconte avoir cultivé une habitude de lecture, d’abord pour pallier l’ennui puis pour calmer son esprit et enfin par plaisir. « Souvent, quand je n’ai pas de livre avec moi, j’ai l’impression qu’il me manque quelque chose », souligne-t-elle, livre en main. Elle ajoute :

« Quand j’ai du temps libre après mon travail, je prends un livre et je le dévore »

S’intéressant aux romans, à l’éducation de l’esprit, aux affaires et au développement personnel, elle ajoute que les livres font désormais partie de son quotidien et emporte un livre partout où elle se déplace. « En vacances, quand je vais en province ou que je vais me promener, j’emporte un livre avec moi. J’essaie de prendre l’habitude d’avoir des livres à disposition en permanence », conclut-elle.

L’école est finie

Un autre étudiant, Sovann Vuthy, s’absente souvent de son travail pour lire des livres à la Bibliothèque nationale. En soulignant certains mots et expressions d’un livre qu’il est en train de lire, Vuthy confie que de nombreux ouvrages éducatifs lui permettent d’acquérir de nouvelles connaissances, de perfectionner son vocabulaire et de mieux comprendre certains points de grammaire difficiles.

« Je lis et je retiens aussi certaines citations qui me plaisent et m’apprennent à réfléchir »

La lecture pendant cette période si singulière est aussi devenue une habitude chez un élève de 11e année, Heng Menglot. Menglot, qui étudie au lycée Hun Sen Khsach Kandal dans la province de Kandal, explique qu’il a désormais plus de temps disponible en raison d’un programme d’études bien moins chargé. « J’ai plus de temps pour lire que lorsque j’étais à l’école, car le professeur me donnait à l’époque beaucoup de devoirs à faire. Donc, je n’avais pas vraiment beaucoup de temps pour lire », ajoute Menglot, qui avoue un grand intérêt pour les romans et la philosophie avant de conclure :

« Mais pendant cette pandémie, il n’y a pas beaucoup de devoirs exigés par les enseignants, et j’ai donc plus de temps pour lire »

Passer au numérique

Cette habitude croissante de lecture va au-delà de la lecture d’ouvrages de papier ; de nombreux jeunes Cambodgiens avouent que la lecture de livres numériques est plus pratique et assez efficace. Cela est aussi dû au fait que leur génération adopte davantage la technologie numérique avec laquelle un nombre croissant de bibliothèques ou d’institutions créent des applications ou des sites Web pour stocker et proposer à la consultation des livres électroniques.

Khun Vatey Sreyleak, directrice adjointe de l’éducation et des échanges culturels du Centre de coopération Cambodge-Japon, déclare que, alors que son étude et ses travaux sont publiés sur Internet, elle a également pris depuis peu l’habitude de lire des livres en ligne.

« Avec cette situation, nous sommes passés au travail et à l’apprentissage en ligne. Nous devons donc nous concentrer sur ces nouvelles technologies. À l’aide de cette technologie moderne, j’ai accès à des ouvrages entiers à l’aide d’une application toute simple. Quand je conduis, j’aime aussi écouter des livres audio », confie Sreyleak, ajoutant qu’elle passe également pas mal de ses loisirs à lire des ouvrages sur le leadership pour acquérir des connaissances professionnelles supplémentaires.

Quant à la Bibliothèque nationale, malgré une diminution du nombre de visiteurs quotidiens en raison des mesures de sécurité liées au COVID-19, « il y a une augmentation du nombre de visiteurs empruntant des livres pour lire chez eux », indique Khlot Vibolla, directeur de la Bibliothèque nationale.

« Les gens viennent toujours emprunter des livres normalement et ceux-là reviennent pour prendre de nouveaux livres.

Les inscrits ne sont pas en baisse, mais le nombre de ceux qui viennent lire à la bibliothèque est beaucoup plus faible avec seulement 20 à 30 personnes contre une soixantaine avant le COVID-19 »

Plus de lecteurs donc plus de livres

Hok Sothik, président de l’ONG d’éducation Sipar, qui publie des livres d’alphabétisation, reconnait que l’épidémie de COVID-19 a poussé les étudiants à lire beaucoup plus :

« La plupart des élèves du primaire et du secondaire ne vont pas à l’école en permanence et ont beaucoup de temps libre devant eux qu’ils peuvent utiliser à lire »

Sothik ajoute que l’augmentation des habitudes de lecture et la flambée de la demande ont également incité son organisation à augmenter la publication de livres pour enfants. Une auteure cambodgienne, Mao Chanraksmey, qui vient de publier son premier livre intitulé « Purple Diary » en septembre 2020, a déclaré qu’elle avait également reçu de nombreuses commandes de libraires et de lecteurs. « Nous avons quasiment vendu les 4000 exemplaires et il n’en reste que quelques centaines en stock, alors je prévois de publier une deuxième édition », s’exclame Chanraksmey, ajoutant qu’elle ne s’attendait pas à une telle demande pour un premier livre.

L’auteure du livre « Depressed People », Kim Dina, écrit et publie également plus de livres pendant la pandémie COVID-19 :

« Cette année, j’ai écrit plus de livres qu'en 2019. En général, je n’en publie qu’un ou deux par an, mais cette année, trois livres sont sortis »

Elle précise que son livre « Depressed People » a été publié pour la quatrième fois et qu’un autre livre intitulé « 18 — Year-Old Wife » a été publié pour la deuxième fois. Elle envisage de lancer un autre titre : « Will the Flower Bloom Again? » à la fin de cette année. Selon Dina, le soutien sans faille des éditeurs et des distributeurs l’a fortement motivée à devenir plus productive. « Lorsque l’épidémie de COVID-19 a commencé, j’étais très confuse parce que j’étais seulement occupée par le nombre croissant d’infections par jour. Mais j’ai ensuite pensé que si je pouvais prendre le temps de me concentrer sur l’écriture de l’histoire, ce serait mieux, car nous nous rendons compte alors pas à quel point notre vie est incertaine », souligne Dina, affirmant que, paradoxalement, la pandémie lui a donné un grand coup de pouce pour se recentrer et écrire plus et mieux…

Sao Sokeng. Avec l’aimable autorisation de Cambodianess.

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