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Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

Gastronomie & Parcours : Eden Gnean du Topaz devient présidente de l'Association des Sommeliers du Cambodge

Dernière mise à jour : 27 févr.

Vendredi dernier, le restaurant Topaz accueillait la première assemblée générale de l'Association des Sommeliers du Cambodge. Au cours de l'élection des administrateurs du bureau, c'est Eden Gnean, jeune Cambodgienne aujourd'hui directrice du Topaz et qui auparavant avait choisi cette voie originale dans un domaine encore assez dominé par la gent masculine : l’art du vin.

Une élection menée par Anthony Galliano, trésorier de la Cambodia Restaurant Association, qui ne manqua pas de rappeler, lors de son discours d’ouverture, la vocation de cette jeune association :

« La création de l’Association des sommeliers du Cambodge marque une étape importante dans le paysage culinaire et hôtelier de notre pays. Elle témoigne de notre volonté collective d’élever les normes du service du vin dans le secteur de la restauration et de favoriser le développement professionnel des sommeliers dans tout le Cambodge », disait-il, précisant :

« Le but de l’ASC est multiple et vise à atteindre plusieurs objectifs clés, c’est-à-dire élever les normes professionnelles, se consacrer à l’amélioration des références et de l’éthique du service pour les sommeliers au Cambodge, avec l’intention de reconnaître et de récompenser l’excellence par le biais de certificats de compétence accrédités. »

Anthony poursuivait :

« Nous nous engageons à formaliser la formation à l’œnologie, non seulement pour les sommeliers, mais aussi pour le public, afin de favoriser une meilleure appréciation de l’art du vin. Il faut aussi créer des parcours professionnels en encourageant la mise en place d’un plan de carrière clair pour les sommeliers dans l’industrie hôtelière cambodgienne. L’association souhaite également collaborer avec des spécialistes du vin et des partenaires de développement pour soutenir nos activités et contribuer à la croissance de l’association. Par le biais d’événements, de conférences et de diverses activités, nous cherchons à fournir une plateforme pour le réseautage, l’apprentissage et le développement professionnel. L’association fonctionnera comme un groupe indépendant et sans but lucratif, car composée de membres liés par une bonne volonté mutuelle et partageant des objectifs et des buts communs ».

Ayant d’abord choisi d’embrasser un parcours classique pour ses études, Eden fera une rencontre qui lui donnera l’envie irrésistible de devenir sommelière. Après avoir travaillé au Sofitel de Phnom Penh puis chez Khéma, chez CUTS de l’hôtel Rosewood de Phnom Penh où elle assurait également les fonctions de manager du restaurant et gérait la plus grande collection de vins du Cambodge pour le « Wine Vault » ; et enfin au Topaz de Phnom Penh où elle assure les fonctions de directrice générale depuis octobre 2023

 

À propos d’Eden & Interview

 

Votre sentiment après cette élection ?

Je suis absolument ravie d’avoir été élu président de l’Association des sommeliers du Cambodge au restaurant Topaz ! C’est un honneur incroyable de se voir confier cette responsabilité, et je suis impatiente de profiter de cette occasion pour faire une réelle différence dans le secteur de la gastronomie et du vin au Cambodge. Ensemble, travaillons à élever les normes de professionnalisme et d’expertise dans notre domaine, et à créer un avenir meilleur pour tous les professionnels de la gastronomie et du vin dans le pays.

Parlez-nous un peu de vous, de votre famille, de votre enfance

Je m’appelle Eden Gnean, et je suis née à une douzaine de kilomètres de Phnom Penh, dans la province de Kandal. J’y retourne une fois par semaine quand je peux, car mes proches sont restés là-bas. Ma famille n’est pas très grande, seulement six personnes : mes parents, mes trois sœurs et moi. Mon père travaille comme ouvrier du bâtiment et ma mère est femme au foyer.

Quel parcours scolaire et universitaire ?

J’ai commencé ma scolarité dans une école proche de chez moi. Ensuite, je suis allée à Phnom Penh pour poursuivre un cursus en Tourisme et management hôtelier à l’Université Paññāsāstra. Ce n’était pas mon tout premier choix, j’avais même débuté une formation en technologies de l’information.

Mais un stage dans un hôtel a modifié mon point de vue et m’a donné envie de m’orienter plutôt dans ce secteur. Les études m’auront donc pris environ sept ans, entre mon choix initial et ma réorientation, auxquels il faut rajouter une année passée à améliorer ma pratique de l’anglais.

Qu’avez-vous fait après avoir obtenu votre diplôme ?

J’ai travaillé au Rosewood Phnom Penh, qui m’avait recrutée comme sommelière alors que je poursuivais encore mes études. Durant cette période, j’ai également remporté une compétition qui m’a permis de partir à Singapour pour parfaire mon expérience.

Quelle était cette compétition ?

Il s’agissait du concours du meilleur sommelier du Cambodge, que j’ai gagné en 2013. Très peu de femmes y participaient, car c’est encore un métier essentiellement pratiqué par les hommes. Mais l’une de mes amies phnompenhoises, Sok Kanthei de Khéma La Poste, est sommelière elle aussi, et je crois qu’il y en a une troisième à Siem Reap.

Qu’est-ce qui vous a motivée dans la sommellerie, et comment êtes-vous arrivée dans ce métier ?

Ma première vraie rencontre avec le vin fut avec un Riesling blanc alsacien, un cru que j’avais particulièrement aimé. Le vin n’est pas encore la boisson la plus populaire au Cambodge, nous sommes ici dans une culture plutôt tournée vers la bière. C’est pourquoi les métiers du vin y sont encore relativement peu pratiqués.

« Pour ma part, cela a été une véritable révélation, et j’ai donc commencé à me documenter sur le vin et à apprendre par moi-même »

Et puis, lorsque j’ai débuté au Rosewood, les échanges avec des fournisseurs en vins et spiritueux m’ont donné l’occasion d’apprendre de nombreux aspects de ce domaine.

Sans parler du voyage à Singapour, qui a été extrêmement formateur. Le vin est un sujet non seulement intéressant, mais aussi complexe et varié : il y a tellement d’appellations, de cépages, d’origines, de saveurs et de millésimes différents…

Quel a été votre parcours ?

Mon premier employeur a été le Sofitel Phnom Penh Phokeethra, où je suis restée trois ans et demi, avant de rejoindre le groupe Thalias, pour devenir assistante de direction chez Khéma Pasteur. Puis j’ai rencontré le nouveau directeur F&B du Rosewood, qui venait d’arriver et recherchait toutes sortes de conseils sur le secteur du vin au Cambodge. Il m’a ensuite proposé de m’embaucher en tant que sommelière, ce que j’ai, bien évidemment, tout de suite accepté. J'ai ensuite rejoint à nouveau le groupe Thalias depuis octobre 2023 pour diriger le restaurant Topaz.

Eden Gnean du Topaz devient présidente de l'Association des Sommeliers du Cambodge

Quels sont les vins que vous conseillez habituellement ?

Il s’agira de conseiller les clients au mieux, en choisissant parmi les nombreuses références disponibles dans notre cave.

Et vous les connaissez toutes ?

Oui, c’est mon métier ! Et c’est une chance, qui me permet de déguster parfois des crus aussi prestigieux que la Romanée Conti. Pour en revenir à votre question, il faut savoir qu’en moyenne, trois vins différents sont consommés au cours d’un repas.

Par exemple, si les clients choisissent des fruits de mer, un accompagnement au champagne pourrait se montrer idéal. Mais les vins les plus populaires ici sont les rouges, et c’est là que le métier se corse : il ne s’agit pas uniquement de conseiller le meilleur vin pour accompagner un plat, il faut aussi et avant tout tenir compte des désirs et des attentes des clients, ce qui rend les choses parfois assez complexes.

Si nous choisissons une bouteille de vin, pourriez-vous nous décrire son histoire, ses saveurs et ses particularités ?

Bien sûr ! Prenons par exemple une bouteille du vin qui sera mis à l’honneur dans le menu de ce soir. Il s’agit du château Croix de Labrie, un Saint-Émilion grand cru, qui fait partie de mes vins favoris et qui me rappelle mon séjour en France, en 2019.

« J’ai eu l’honneur de rencontrer les propriétaires, de discuter avec eux, de visiter leur cave et d’en apprendre beaucoup sur la vinification de leur produit »

Ils appliquent les principes de la culture biodynamique, de manière à laisser le plus de place possible à la nature. C’est un vin que les Cambodgiens apprécient tout particulièrement.

Et lorsque vous prenez vos repas à la maison, les accompagnez-vous aussi avec du vin ?

Pas souvent !

Quels sont vos loisirs ?

J’aime beaucoup passer du temps avec mes amis, voyager et aussi tester les restaurants qui viennent d’ouvrir. Découvrir de nouveaux lieux et déguster des vins sont des choses très importantes à mes yeux.

Eden Gnean du Topaz devient présidente de l'Association des Sommeliers du Cambodge

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