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Cambodge & Parcours : Dy Sao, du camp de réfugiés aux paillettes d’Hollywood et...Michelle Yeoh

Michelle Yeoh est devenue la première personne originaire d’Asie du Sud-Est à remporter l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle dans la comédie d’action surréaliste Everything Everywhere All at Once. Yeoh a conquis le public, mais peu connaissent les liens cambodgiens qui ont joué un rôle dans sa victoire.

L’entraînement de Dy Sao (à l’extrême droite) a permis à Michelle Yeoh (au centre, à droite) de réaliser des prouesses spectaculaires en matière d’arts martiaux. Photo fournie
L’entraînement de Dy Sao (à l’extrême droite) a permis à Michelle Yeoh (au centre, à droite) de réaliser des prouesses spectaculaires en matière d’arts martiaux. Photo fournie

Les spectaculaires compétences en arts martiaux dont l'actrice fait preuve dans le film sont les siennes, mais en coulisses, c’est un chorégraphe khmer qui l’a aidée à parfaire chacun de ses mouvements.

Dy Sao, un Américain d’origine cambodgienne né à Battambang en 1979, pendant les dernières phases de la guerre civile cambodgienne, a été l’entraîneur d’arts martiaux de la lauréate de l’Oscar.

« J’ai eu l’insigne privilège d’entraîner Michelle Yeoh pour ce film qui a été récompensé par sept Oscars », confie M. Sao.

« C’était un honneur incroyable, car seul un petit nombre de personnes peut témoigner d’un tel exploit. Nous nous sommes principalement concentrés sur les arts martiaux chinois pour nous préparer à ce rôle », ajoute-t-il.

Sao s’est lancé dans une carrière de cascadeur à Hollywood, où sa curiosité pour les différents domaines du cinéma s’est accrue, mais sa passion pour les arts martiaux est restée intacte. Il se souvient que deux de ses amis les plus proches, Andy Le et Brian Le, lui ont demandé de les aider à entraîner Simu Liu et à chorégraphier la célèbre séquence de combat dans le bus pour le film Shang-Chi and the Legend of the Ten Rings (Shang-Chi et la légende des dix anneaux).

Lorsque Andy et Brian ont été choisis pour jouer dans Everything Everywhere All At Once, Sao a été sollicité pour entraîner les acteurs, grâce à ses compétences et à son expérience dans ce domaine.

« J’ai trouvé qu’il était facile de travailler avec tous les acteurs que l’on m’a confié », déclare Sao, qui a travaillé avec Simu Liu, Michelle Yeoh, Ke Huy Quan et Bryce Dallas Howard.

« Ma confiance vient du fait que je me suis entraîné aux arts martiaux pendant 37 ans et que j’ai transmis mes connaissances à des élèves pendant plus de vingt ans... »

Bien qu’il ait suivi une formation approfondie dans plusieurs styles de combat, Sao confie qu’il étudie principalement les arts martiaux pour le cinéma, s’inspirant de grands artistes martiaux tels que Donnie Yen, Jet Li, Jackie Chan, Panna Rittikrai, Tony Jaa, Sammo Hung, Yuen Biao, Vincent Zhao, Jean-Claude Van Damme, Iko Uwais, et en particulier Bruce Lee.

Michelle Yeoh et Dy Sao. Photo fournie
Michelle Yeoh et Dy Sao. Photo fournie

Dy Sao, qui publie souvent des vidéos d’action sur ses réseaux sociaux, explique que les arts martiaux sont une philosophie et un mode de vie, où « les gens cherchent à s’autonomiser en s’entraînant et en disciplinant leur esprit, leur corps et leur âme ».

Son parcours à Hollywood a commencé dans l’endroit le plus improbable qui soit.

Alors qu’il vivait dans le camp de réfugiés de Khao-I-Dang, en Thaïlande, le nom de sa mère est apparu sur une liste établie par des Américains qui cherchaient à réunir des parents cambodgiens avec leurs familles aux États-Unis.

Cela a marqué le début de leur voyage vers l'Amérique, puisqu’ils ont entamé les procédures nécessaires pour que cela devienne une réalité.

Au fil des annéess, Sao a acquis un ensemble de compétences dans divers styles et arts martiaux. À l’âge de 7 ans, son père l’a initié aux rudiments du kickboxing et du karaté khmer, qui se sont révélés efficaces lors des nombreuses bagarres auxquelles il a été confronté pendant son enfance dans les quartiers défavorisés de Long Beach.

De son enfance à son adolescence et à l’âge mûr, Sao a étudié de nombreux arts martiaux différents, notamment le kun khmer, le kung-fu chinois, le kung-fu wushu, le kickboxing américain, le muay thaï, la boxe, la lutte, le MMA et même le jiu-jitsu brésilien.

« Au milieu de la trentaine, je suis revenu à mes racines et j’ai commencé à apprendre le kun khmer et le kun khmer boran en regardant les tutoriels en ligne des maîtres cambodgiens », explique-t-il.

« J’ai étudié le Lbokator en regardant Maître Chan Vireak, le Yuthakun Khom avec Maître Chan Rathana et Maître Sakklar Palace. C’est probablement auprès de Maître Chin Chun que j’ai le plus appris, car il est devenu un ami et un mentor après que je lui ai posé des questions sur l’entraînement », ajoute-t-il.

Sao est fier de promouvoir la culture et l’héritage de son pays, ainsi que ses arts martiaux uniques, auprès de tous les acteurs qu’il a le plaisir d’entraîner. Il raconte que les acteurs sont toujours intrigués par le fait qu’il vient du Cambodge et qu’il est l’un des meilleurs entraîneurs de kung-fu d’Hollywood.

Mais comme ses élèves s’en rendent vite compte, ses compétences en matière d’enseignement des arts martiaux chinois parlent d’elles-mêmes. La première aspiration de Sao est d’être reconnu comme un acteur majeur des arts martiaux dans le monde et d’attirer l’attention sur le Cambodge, le pays qui a vu naître ses ancêtres.

« Nous voulons servir nos familles, nos communautés, notre fraternité, notre pays et le monde dans son ensemble. Je me consacre à la promotion du Cambodge et des arts martiaux sous un jour positif dans le monde entier », dit-il.

« Mon message est celui de l’unité, car nous travaillons à un objectif commun, celui de nous améliorer et d’améliorer ceux qui nous entourent », ajoute-t-il.

Sao, qui a également travaillé à la conception de Hanuman : Shadow Master, un film d’action cambodgien, confie qu’il aspire à terme à présenter la remarquable beauté du Cambodge au monde entier par le biais du cinéma.

Dy Sao
Dy Sao. Photo Facebook

Il collabore actuellement avec son ami proche, le producteur américano-cambodgien Daron Ker, pour produire un film novateur. Si tout se passe bien, le film sera tourné dans le Royaume à la fin de l’année.

« Nous avons l’intention de faire appel à des talents locaux et de les former à la création de films professionnels dans le style hollywoodien », annonce-t-il.

Sao explique qu’il a l’intention de créer une école de cinéma dans le Royaume, afin que le Cambodge développe une industrie cinématographique autonome qui ne se concentre pas sur un seul projet à la fois. S’il ne se trompe pas, le Cambodge sera à l’avant-garde des films d’arts martiaux et les partagera avec le monde entier :

« J’espère que nous pourrons réunir tous les éléments nécessaires pour tourner un film au Cambodge cette année. Beaucoup de mes fans khmers m’ont demandé quand je viendrais, mais je leur assure que je fais de mon mieux pour que cela se produise. »

M. Sao ne cache pas qu’il souhaite revenir au Cambodge et mettre en valeur les talents artistiques de ce pays grâce à la magie du cinéma.

« Le Cambodge a tant à offrir, et il est temps de s’élever et d’imprimer notre marque sur la scène mondiale. Au peuple khmer, vous êtes mes champions, je vous aime tant », conclut M. Sao.

Dy Sao. Photo Facebook
Dy Sao. Photo Facebook

Hong Raksmey avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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