Créé en 2005 et relativement méconnu du public, le conservatoire de la biodiversité de Pearaing, situé tout près du centre-ville de Siem Reap, constitue une formidable base pour l’observation des oiseaux.
Il n’aura fallu qu’une trentaine de minutes pour s’extraire du centre-ville et emprunter la longue piste de terre battue conduisant à l’embarcadère de Pearaing. Au fur et à mesure du bref trajet, les habitations se sont faites moins denses pour céder la place aux rizières. Même en saison sèche, la nature conserve sa palette de couleurs et décline encore ses nuances de vert, tandis qu’au loin se dessine la silhouette massive du Phnom Krom. Perchés au sommet des arbres, des oiseaux impassibles et de plus en plus nombreux laissent deviner la proximité du sanctuaire. Quelques panneaux rédigés en khmer, une poignée d’installations de fortune proposant boissons et nourriture, et des bateaux aux couleurs vives amarrés à un ponton : sans fioriture, Pearaing s’apprête à dévoiler ses richesses.
Sensibiliser à la fragilité de l’environnement
Qu’un tel lieu, d’une superficie qui atteint pourtant les 250 hectares, reste aussi peu connu demeure un mystère tant le site s’avère enchanteur. La réserve naturelle, créée en 2005 sur un site qui servait autrefois, selon la légende, de terrain de jeu pour éléphants abrite un grand nombre d’espèces d’oiseaux, qui évoluent au sein d’un écosystème surveillé de près. Samban Chea, qui mène sur place d’incessantes campagnes de formation destinées tant aux habitants qu’aux bénévoles s’occupant du site, explique les dangers qui menacent la biodiversité.
« Nous communiquons sur le caractère illégal et irresponsable du braconnage, qui cause de gros dégâts tant auprès de la faune que de la flore. La surpêche ainsi que l’intensification de l’usage de la pêche électrique mettent à mal les populations de poissons, ce qui impacte tout l’écosystème qui en dépend »
« Nous sensibilisons aussi sur le pompage des réservoirs naturels, qui sont vidés afin d’arroser les rizières alentour. Plutôt que d’interdire une telle pratique, la communauté en charge du site a mis en place des procédures d’irrigation à même de satisfaire les agriculteurs sans pour autant mettre en danger la nature. »
Œuvrant depuis 15 ans pour la protection de l’environnement et membre de l’ONG Fauna in Focus, Samban se rend régulièrement à Pearaing pour y transmettre ses enseignements. « Cet endroit est exceptionnel, mais son équilibre est précaire tant les menaces sont nombreuses. Pollutions chimique et sonore, consommation de viande de brousse, espèces utilisées pour la médecine traditionnelle, déforestation et destruction des écosystèmes naturels, urbanisation massive, prolifération d’espèces invasives, les combats à livrer pour préserver la nature ne manquent malheureusement pas. »
L’écotourisme comme source de revenus
Depuis quelques années, l’accent a été mis sur l’écotourisme, qui constitue une source de financement pour les autres actions menées sur place. Gestion de l’eau, campagnes de plantation, surveillance du site, développement économique et agricole de la communauté locale constituent les priorités majeures. « Bien évidemment, nous ne voyons plus du tout de touristes venus de l’étranger, mais les Cambodgiens qui ont connaissance de ce lieu n’ont pas cessé de venir et se montrent particulièrement sensibles aux problématiques environnementales. Et puis, la vue de tous ces oiseaux constitue quelque chose de vraiment fantastique. »
Un sanctuaire pour de multiples espèces
Jusqu’à une centaine d’espèces peuvent être observées selon la saison et les périodes de migration, l’idéal, selon Samban, se situant entre mars et juillet. Ibis, pélicans, aigrettes, cigognes se laissent admirer lors d’une courte promenade en bateau, qu’il sera préférable d’effectuer en début de matinée ou fin d’après-midi. Si les guides anglophones ont déserté la place faute de fréquentation, la proximité du site avec le centre-ville, sa beauté et la somme particulièrement modique demandée pour une promenade en bateau en font un lieu méritant amplement une ou même plusieurs visites. Jumelles ou appareil photo avec un zoom sont largement conseillés afin de profiter du spectacle offert par la nature.
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