Ange est une Franco-Cambodgienne qui revient au pays pour vivre de sa passion et apporter son expérience des clubs européens afin de donner un coup de pouce à la scène musicale underground du Royaume. Son ambition : vivre sa passion et transformer le Cambodge en un pays que l'on vient visiter et ou l'on vient aussi faire la fête.
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Pour ceux qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Oui, bien sûr. Je m'appelle Angelina, je suis d'origine franco-cambodgienne. J'ai vécu un peu partout dans le monde, notamment au Cambodge, aux États-Unis, en Espagne et à Bali. J'ai récemment déménagé au Cambodge, justement parce que ça me manquait beaucoup. J'ai ouvert une agence de booking : Ariya Events.
Parlez-nous de votre parcours
Je suis née au Cambodge et j'ai effectué ma scolarité au lycée français. Et puis, à 16 ans, je suis partie aux États-Unis pour terminer ma scolarité. Je suis partie ensuite aux Etats-Unis car je voulais changer d'environnement tout simplement pour découvrir autre chose. La-bas, J'ai fini le lycée et après je suis partie directement à Madrid pour intégrer une école de commerce. J'ai choisi Madrid car je souhaitais découvrir un pays que je ne connaissais pas du tout.
Parlez-nous de votre séjour à Madrid
Alors, je suis vraiment arrivée sans connaître la langue. Je ne connaissais personne, je me suis « déployée » toute seule. Ce fut une expérience qui m'a permis d'être indépendante, autonome, dans un nouveau pays, une nouvelle culture que je ne connaissais pas du tout.
Et, je m'intéressais beaucoup à la ville en soi. J'ai rencontré plein de gens. Je traînais beaucoup avec des Français et nous avons pu découvrir le pays, voyager, apprendre la langue ensemble. Je resterai ainsi quatre ans dans ce beau pays.
Que décidez-vous ensuite ?
Je savais que je ne voulais pas bosser pour quelqu'un et que je ne voulais pas travailler dans un bureau de 9 à 17h. Et donc, j'ai commencé par un stage car mes parents m'ont poussée à vivre une expérience professionnelle dans le milieu de la finance, mais dans un département marketing.
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J'ai donc travaillé pour le département marketing d'une grande boîte, mais avec des valeurs et un esprit très conservateurs. Et donc, cela ne m'a pas plu. J'ai démissionné et j'ai pris un billet d'avion pour Bali, sans savoir vraiment ce que je voulais y faire. Je m'étais donnée trois mois là-bas et, finalement, je suis restée un an et demi.
J'ai commencé avec un stage pour une marque française et ensuite j'ai travaillé pour une agence immobilière. Dans le même temps, je sortais beaucoup pour mixer et finalement, je passais de plus en plus de temps à me vendre comme artiste - Dj.
Je me suis en fait aperçue que je pouvais utiliser mes talents de DJ pour gagner un peu plus d'argent. Je travaillais donc le jour et mixais le soir et les weekends, cela faisait un emploi du temps très chargé et c'était assez épuisant, mais cela me plaisait.
Quel genre de musique mixiez-vous ?
Je mixais beaucoup de l'Afro House et de la House. Ça plaisait beaucoup parce que c'était dans des restaurants et des discothèques qui collaient parfaitement à ce type d'ambiance musicale.
Comment avez-vous appris le métier ?
C'est une drôle histoire, tous mes amis de Madrid étaient DJs et j'ai supplié tout le monde de m'apprendre mais personne ne voulait. Donc je me suis dit ok pas de soucis, je me débrouille. J'ai appris toute seule et petit à petit, à force de gigs, j'ai pu m'améliorer rapidement.
Qu'est-ce qui est difficile dans votre métier ?
Je pense que le plus difficile c'est que tu ne peux pas plaire à tout le monde et il faut garder un maximum de gens sur la piste. Au début de ma carrière, je jouais de la musique qui ne me plaisait pas forcément. C'était tout simplement parce que je voulais d'abord créer un nom (Ange) pour définir ma marque, mon style, une référence...
Et donc, maintenant que je commence à jouer un peu plus ce que j'aime vraiment, je trouve beaucoup plus de plaisir parce que je fais découvrir aux gens des musiques qu'ils n'ont jamais entendues mais qu'ils apprécient.
Pourquoi avoir quitté Bali ?
Je commençais à avoir une relation un peu toxique avec l’île, avec mon style de vie, comment je vivais, je n'aimais pas du tout. Et puis le Cambodge me manquait beaucoup. En même temps, je voulais aussi grandir et entamer une vraie carrière. Je ne pouvais pas continuer sur ce rythme toute ma vie.
Je voulais plus de ça. Et donc je me suis dite que le Cambodge offrait une opportunité, qu'il y avait un marché pour la musique et les DJ.
Votre impression sur la scène DJ locale ?
C'est un milieu difficile et Il y a quand même beaucoup de concurrence. Et donc, mon objectif serait de de développer cette scène underground à Phnom Penh parce qu'il existe beaucoup de lieux qui s'y prêtent.
C'est aussi un marché qui est encore en train de se développer et qui a besoin de mûrir, on ne peut pas encore payer quelques milliers d'euros pour un DJ pour qu'il mixe deux heures, alors que c'est monnaie courante partout ailleurs. Et puis tout le monde n'écoute pas de la house ou de la musique électronique, donc c'est très compliqué pour le moment.
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Comme je propose également de l'événementiel avec ma boite, je souhaiterais travailler avec des lieux open air où je peux vraiment travailler aussi avec des artistes, la décoration et la direction artistique du lieu. C'est très important pour moi parce que cela m'oblige à mettre la barre assez haut. Il ne s'agit pas pour moi de venir proposer un simple gig dans une discothèque, mais plutôt de créer un événement original, arts et musique, au standard européen.
Il faut aussi se montrer inventif et proposer quelque chose qui va surprendre le public, cela ne sert à rien de proposer un « event » sans quelque chose de différent. Sinon, les gens vont se lasser. Enfin, si l'argent et le rentabilité sont importants, je dirais que la créativité et la passion sont également déterminantes pour le succès.
Au final, quelles sont vos ambitions ?
J'espère d'ici 2-3 ans pouvoir proposer des festivals et en même temps promouvoir le pays. Pour moi c'est très important de mettre en valeur le pays tout simplement parce que, quand les gens pensent à l'Asie, ils mentionnent la Thaïlande, le Vietnam et l’Indonésie et ne pensent pas au Cambodge ou seulement comme le « pays à côté ». Donc, je me dis qu'une belle scène underground serait un truc susceptible d'attirer les gens pour venir visiter mais aussi y faire la fête.
C'est mon ambition et forcément cela prend beaucoup de temps mais, grâce à mes contacts également et le soutien que j'ai autour de moi, je pense que rien n'est impossible.
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