Paiement QR-Code, nouvelles lignes aériennes, secteur du bâtiment, électricité et caoutchouc au sommaire de cette revue économique.
Récente graduation du Cambodge, le prix du succès
En tant que PMA, le Cambodge bénéficie d’avantages commerciaux pour ses exportations, comme le régime « Tout sauf les armes » (TSA). En mai 2024, le Conseil économique et sociale des Nations-Unies a validé les bons résultats économiques du Royaume et sa sortie de la liste des PMA en 2029. Cette réussite, avec la perte d’avantages commerciaux qu’elle représente, est également un défi.
Dès lors, à l’occasion des 20 ans de l’adhésion du Cambodge à l’OMC, CHAM Nimul, ministre du commerce, a annoncé la stratégie commerciale destinée à gérer cette transition. Le pays prévoit ainsi de renforcer ses accords de libre-échange, d’améliorer l’environnement des affaires, d’accélérer la numérisation et le commerce en ligne… En revanche, rien de prévu à ce stade sur les politiques à mettre en œuvre pour bénéficier d’un accès privilégié au marché européen avec le régime SPG+. Il passe par le plein respect de conventions internationales – toutes signées et ratifiées par le Royaume – en matière des droits de l’homme et de droits syndicaux.
Paiement par QR-code sans frontières
Depuis lundi, le système de paiement par QR code Alipay+, développé par le groupe chinois Alibaba en 2020, est accepté au Cambodge. Symétriquement, les consommateurs cambodgiens utiliseront leurs propres systèmes de paiement par QR code dans les commerces proposant Alipay+. C’est par le système Bakhong, véritable chambre de compensation mise en place par la Banque nationale du Cambodge – et sécurisée par la blockchain – que cette interopérabilité est possible ; y compris au-delà des frontières. Jusqu’ici seuls les touristes coréens, laotiens, malaisiens, thaïlandais et vietnamiens avaient des systèmes de paiement QR code reconnus au Cambodge.
La reconnaissance d’Alipay+ par Bakhong permettra aux touristes chinois, singapouriens et philippins de faciliter leurs transactions avec les quelque trois millions de commerces cambodgiens reconnus par le système Bakong. Cela favorisera les activités des commerces correspondants, d’autant qu’Alipay+ revendique 1,6 milliards d’utilisateurs ; la plupart Chinois.
Encore des billets pour Angkor
Deux nouvelles lignes d’avions desserviront, dès le mois prochain, l’aéroport international de Siem Reap ; reliant Bangkok (Thai Airways) et Phuket (AirAsia). La première sera ouverte le 27 octobre, et la seconde le 29 octobre. Une troisième ligne, dont l’ouverture est prévue le 9 novembre, devrait relier Singapour à Siem Reap (AirAsia). La baisse de la fiscalité cambodgienne sur les compagnies aériennes aide sans doute. D’après le ministère du tourisme du Royaume, Siem Reap a accueilli 650 000 touristes internationaux au cours des huit premiers mois de de l’année (+31 % comparé à la même période de 2023).
Cela reste toutefois inférieur aux 1,2 million de touristes internationaux pour la même période de 2019. Les touristes internationaux ayant atterris à Siem Reap venaient des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de France (dans cet ordre), sans plus de précision.
Un secteur du bâtiment à deux vitesses
Lors des 5 premiers mois de 2024, le Cambodge n’a approuvé que 1 330 projets de construction, soit une baisse de 9 % par rapport à la même période l’année précédente. Le secteur, largement déserté par les sociétés et investisseurs chinois, connaît un certain marasme. Toutefois, un récent rapport de l’agence immobilière internationale CBRE, note que ce n’est pas le cas pour les complexes d’appartements de luxe ou l’immobilier pour les activités industrielles. Ce qui explique en partie la hausse de 59 %, des importations de fer et d’acier pour janvier-août 2024 (404 M USD contre 254 M USD pour la même période en 2023).
En effet, ce phénomène s’explique par une implantation d’entreprises dans le pays et un développement des infrastructures cambodgiennes ; à l’image de Honda qui vient d’annoncer vouloir augmenter ses ventes de motos et donc ses capacités de production au Cambodge, ou encore le début de la construction d’une nouvelle usine Minebea Mitsumi (électronique) dans la province de Pursat.
De l’électricité, encore de l’électricité, toujours de l’électricité
Cette semaine, de passage en Chine, SUN Chanthol, vice-premier ministre cambodgien, a fait savoir aux investisseurs chinois les besoins énergétiques croissants du Cambodge. Pour rappel, le Cambodge a drastiquement amélioré son réseau électrique depuis le début des années 2000, au point que maintenant la presque totalité des villages sont électrifiés (99 %), alors que ce chiffre n’était que de 25,3 % en 2004. Cet effort, a été en partie possible grâce à l’expertise de nombreuses entreprises françaises, dont EDF, qui a contribué à la modernisation du contrôle/pilotage du réseau cambodgien. Aujourd’hui, le Cambodge a une capacité de production de 4 GW.
Avec ses projets d’électrification des transports et de neutralité carbone, la demande d’électricité pour 2040 nécessitera environ 10 GW de capacités. De ce fait, le pays fait de plus en plus appel à des investisseurs étrangers. Pour mémoire, Electricité du Cambodge n’assure aucune production, qui est déléguée à 28 producteurs indépendants. C’est ainsi que, le 6 septembre, le Japon a approuvé un prêt très bonifié de 55 M USD au Cambodge pour l’entretien et l’amélioration du réseau électrique de Phnom Penh.
À huit mois, rien de nouveau
Les échanges extérieurs du Cambodge ont atteint 36,5 Md USD entre janvier et août 2024 - soit une hausse de 16,5 % par rapport à la même période en 2023, d’après les dernières données de la douane cambodgienne. Les exportations cambodgiennes ont augmenté de 16,7 % à 17,6 Md USD et les importations de 16,2 % à 18,9 Md USD. La balance commerciale s’est dégradée à -1,3 Md USD contre -588 M USD pour la même période de 2023. Comme pour 2023, la majorité des exportations est destinée aux Etats-Unis, à l’UE et au Vietnam (12,1 Md USD), à noter que parmi les 3, ce sont les ventes vers le Vietnam ont connu la plus forte croissance (+39 % comparé à 2023 ou 2,5 Md USD).
Les produits exportés sont essentiellement composés de vêtements (+25 %, 7,6 Md USD), d’équipements électriques (-38 %, 1,4 Md USD) et d’articles en cuir (+27 %, 1,4 Md USD), même tendance qu’en 2023. Les importations cambodgiennes proviennent toujours essentiellement de Chine, du Vietnam et de Thaïlande (14 Md USD). À noter que les importations envers la Chine ont augmenté plus rapidement que pour celles de ses autres voisins (+25 %, 9 Md USD). Comme pour 2023, le Cambodge importe majoritairement des hydrocarbures (+17 %, 2,7 Md USD), des intrants textiles (+17 %, 2,1 Md USD) et des équipements électriques (+30 %, 1,3 Md USD). Le déficit commercial pourrait donc s’aggraver en 2024, dans une dynamique classique où les exportations sont tournées vers l’Amérique ainsi que l’UE, et les importations dominées par la Chine.
Plus de manufacturiers pneumatiques, plus de demande de caoutchouc local ?
Deux nouvelles usines chinoises de pneumatiques seront implantées au Cambodge, pour un investissement total de près de 700 M USD. Elles seront situées dans les provinces de Kratie (au nord-est du Cambodge) et de Svay Rieng (à la frontière avec le Vietnam). Le pays espère que ces deux projets créeront 35 000 emplois, mais aussi contribueront à soutenir la production locale. Actuellement, trois usines de pneumatiques sont en activité dans le pays.
Elles importent du caoutchouc naturel de pays voisins pour alimenter leurs chaînes de production. En effet, les qualités locales ne correspondent pas toujours aux besoins des manufacturiers installés au Cambodge. Le défi posé à la filière du caoutchouc est simple : produire du caoutchouc d’une qualité stable et le valoriser, plutôt que de l’exporter brut vers le Vietnam, en particulier, pour le réimporter transformé. Selon la douane cambodgienne, les exportations cambodgiennes de produits en caoutchouc ont atteint 919 M USD en 2023, dont 528 M USD de caoutchouc naturel et 380,7 M USD de pneumatiques.
Source : Direction du Trésor
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