À 22 ans, Carla Alves achève tout juste son stage de journaliste au Cambodge au sein du groupe Thalias Hospitality. Une expérience significative et challengeante pour cette étudiante en droit et relations internationales qui se projette à peut-être revenir dans le Royaume à la fin de ses études pour une nouvelle expérience professionnelle.
Entretien
Parlez-nous un peu de vous
Je m’appelle Carla ou devrais-je plutôt dire Sreyroth (ស្រីរ័ត្ន). C’est le prénom khmer que m’ont donné les employés du restaurant Khéma Pasteur, restaurant du groupe Thalias, peu de temps après mon arrivée au Cambodge. Et finalement, la plupart des gens ont fini par m’appeler par ce prénom.
Je suis franco -hispano-portugaise et originaire d’un petit village en France dans la région Bourgogne–Franche-Comté. J’ai débuté mes études en université lyonnaise, études que je devrais à présent poursuivre à Paris. Et là, je quitte le Royaume du Cambodge après un stage de près de trois mois au sein du groupe Thalias Hospitality.
Quel est votre cursus universitaire ?
Après l’obtention de mon baccalauréat, j’ai d’abord débuté une première année d’études dans le domaine du sport. À ce moment-là, j’alliais les études universitaires et la danse, car je voulais vraiment me professionnaliser dans ce milieu artistique.
Et puis, pour d’autres raisons, je me suis redirigée vers des études de droit, même si la danse a une très grande place dans ma vie, aujourd’hui encore.
J’ai donc préparé une Licence de droit et un Diplôme universitaire de droit comparé où j’ai étudié les systèmes juridiques japonais, sud-coréens et chinois.
Après avoir été diplômée l’année dernière, j’ai été sélectionnée en première année de Master en relations internationales et diplomatie. Année durant laquelle j’ai réalisé deux stages, un premier de longue durée au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour le siège de New York et mon stage au Cambodge chez le Groupe Thalias Hospitality et justement, pour leur média Cambodge Mag.
Qu’est-ce qui vous a amené au Cambodge ?
Je dirais que c’est la réunion de plusieurs facteurs, en tout cas, ce n’était pas un hasard, c’était un projet très réfléchi et porteur de sens de mon côté. Il fallait juste que je trouve le bon moment pour le réaliser au milieu de mes études et de la danse.
J’ai toujours voulu partir à l’étranger donc, j’ai commencé à travailler à partir de 16 ans en même temps que mes études pour notamment financer cela.
Et pourquoi le Cambodge en particulier ? Je pense que c’est tout d’abord lié à ma famille, à mon environnement familial. Je suis issue d’une famille très multiculturelle au sein de laquelle, j’ai eu la chance d’avoir, en grandissant et encore aujourd’hui, des échos sur le Cambodge grâce à mon entourage.
Après, ayant réalisé différents stages dans les domaines de la solidarité internationale et de la coopération, j’ai aussi travaillé sur plusieurs projets mis en place ici, au Cambodge.
Donc, j’ai fait beaucoup de prospection, de nombreuses candidatures spontanées, j’ai eu après cela, plusieurs retours positifs pour des stages et j’ai fini par rejoindre le groupe Thalias Hospitality.
Mais ce qu’il faut savoir dans tout cela, c’est qu’au début, j’avais reçu des offres de stage en Corée du Sud, aux Philippines et en Espagne sans avoir encore eu de retours de mes candidatures que j’avais envoyées au Cambodge. Et donc, à ce moment-là, j’avais pris le risque de décliner les offres que j’avais reçues dans l’attente de mes candidatures au Cambodge, sans être certaine d’être sélectionnée. Et puis, je n’ai aucun regret, car le destin a bien fait les choses.
Le domaine de votre stage est un peu éloigné de votre cursus universitaire, pourquoi avez-vous choisi Thalias et Cambodge Mag en particulier ?
C’est vrai, vous avez raison. Pour être honnête, j’ai choisi Thalias et Cambodge Mag en particulier, pour me challenger. Je savais que, grâce aux missions de ce stage, j’allais davantage développer mes connaissances sur le Cambodge, mais aussi mes compétences dans le domaine de la rédaction, de la gestion de projets et de l’événementiel en général. Et tout cela est en lien avec mes différents engagements dans les associations et collectifs que j’ai en France en tant que bénévole.
Je m’investis notamment comme je le peux au sein de « Banh Mi Media », un média fondé par Linda Nguon qui met en lumière les héritages et les cultures asiatiques et occidentales ainsi que des parcours de vie inspirants liés à l’Asie par le biais de vidéos, de podcasts ou encore d’événements. Et je vais également, à la rentrée, m’engager en tant que bénévole pour PSE depuis la France.
C’est donc très important pour moi et j’espère pouvoir être davantage polyvalente grâce à cette expérience. Et évidemment, les conditions qui m’ont été offertes par le groupe Thalias durant tout mon séjour au Cambodge ont été aussi très déterminantes dans mon choix.
Justement, pouvez-vous nous en dire davantage sur vos conditions de stage ?
Alors, je n’aurais jamais pensé, un jour, avoir des conditions de stage de cette envergure. Tout d’abord, je tiens vraiment à souligner l’accompagnement de l’équipe des Ressources humaines de Thalias. Je suis notamment très reconnaissante envers Bong Settha et Bong Samrach qui ont été très présents pour moi et qui ont vraiment facilité ma présence ici.
Après, le groupe Thalias Hospitality m’a également accompagné durant tout mon séjour en se préoccupant notamment de mon hébergement. Ce qui m’a beaucoup touchée et c’est très important pour moi de le dire, c’est la présence des employés du groupe et surtout celle des agents de sécurité de l’hôtel dans lequel je résidais.
Dans le cadre de mon stage, je partais souvent seule en déplacement pour me rendre à des événements et cela m’arrivait de quitter Phnom Penh pour aller en province pour des raisons professionnelles. Et, la plupart du temps, ils savaient tous où je me rendais, l’heure à laquelle je devais potentiellement être de retour et me demandaient constamment d’être prudente. Dès que je m’adressais à eux, je les appelais « oncle », « ពូ » en khmer, je suis donc très reconnaissante pour tout ce qu’ils ont fait pour moi chaque jour et j’ai un profond respect pour eux.
Et puis, bien évidemment, je suis tout particulièrement reconnaissante envers Monsieur DARC qui m’a permis tout d’abord, de rejoindre son groupe en tant que stagiaire, mais aussi, pour toutes ces conditions qui m’ont fait vivre une expérience professionnelle unique.
Quelles étaient vos missions ?
Concernant mes missions, j’étais essentiellement comme on dit « sur le terrain ». Cela était d’ailleurs l’une de mes volontés, car lorsque j’ai passé mon entretien, on m’avait demandé ce que j’avais le plus envie de réaliser dans le cadre de ce stage.
Donc, mes principales missions étaient de me rendre aux différents événements auxquels Cambodge Mag était invité afin de représenter le média et de rédiger des articles en français concernant l’événement en question. Je travaillais aussi beaucoup sur de la prospection afin de rentrer en contact avec certaines personnes influentes au Royaume pour les interviewer.
Ce stage m’a notamment offert la possibilité de m’investir dans les secteurs de la gastronomie, du tourisme, de la solidarité, du sport, de la culture, des affaires ou encore de la diplomatie. Mes missions étaient donc très variées et je pense que c’est ce qui a rendu mon stage très riche et intense, c’est vraiment cette diversité de domaines dans lesquels j’ai pu travailler et la pluralité de professionnels que j’ai rencontrés. Je suis d’ailleurs très reconnaissante pour toutes ces personnes qui m’ont accordé de leur temps.
Avez-vous eu des moments professionnels marquants durant votre stage ?
Bien sûr ! Et avant d’arriver au Cambodge, je n’aurais jamais pensé participer à tant d’événements d’exception et réaliser des interviews aussi marquantes, à mes yeux.
Chaque événement auquel j’ai assisté, chaque moment passé avec une personne était très singulier et unique.
Pour être honnête, toutes les interviews réalisées m’ont marquée donc je ne pourrais pas en citer une plutôt qu’une autre.
Mais, si je devais partager des événements ou des moments qui m’ont particulièrement marquée… Je dirai le Forum d’Affaires France Cambodge 2024 qui a été très enrichissant.
La 13e édition du Festival International du Film du Cambodge grâce à laquelle j’ai notamment réalisé les interviews de Chris PARKHURST, réalisateur du film « Elvis of Cambodia: The Legacy of Sinn Sisamouth », mais également, celles de jeunes réalisateurs du Centre Bophana qui avaient réalisé des courts métrages sur la vie quotidienne au Cambodge.
Grâce à cet événement, j’en ai appris davantage sur la culture cambodgienne, l’histoire du pays et le paysage cinématographique ici, au Royaume.
Et puis, j’ai également fait une visite des services des hôpitaux Kantha Bopha aux côtés de son Directeur général, Denis LAURENT que j’ai d’ailleurs pu interviewer deux fois. Tout d’abord, sous sa casquette d’artiste peintre lors d’une exposition artistique au Sofitel et dans le cadre de son métier principal qui est celui du domaine médical. Cette visite était très significative pour moi.
Et pour finir, je dirais le « Coastal Culinary Dinner » entre Amber Kampot et le Topaz Norodom à Kampot. À cette occasion, j’ai pu rencontrer Bong Sopheak POV, Chef Exécutif du restaurant Topaz Norodom, et découvrir son parcours et les aspirations qu’il avait pour le Cambodge en tant que Chef cuisinier. C’était très inspirant.
Mais en réalité, j’en ai tellement en tête notamment aussi dans le domaine de la culture comme le Breaking Battle de l’IFC, c’était vraiment une chance de pouvoir y assister, j’étais un peu dans mon élément.
Qu’est-ce que vous avez appris durant cette expérience au Cambodge en tant que stagiaire et quels sont les enseignements que vous en tirez ?
Alors, c’est peut-être davantage une évolution personnelle qu’un apprentissage professionnel en tant que tel, mais j’ai appris à être « moins introvertie ». En fait, je suis assez réservée et je n’ose pas souvent aborder une personne par peur de la déranger. Et là, grâce à ce stage, le fait d’aller constamment à la rencontre des autres et de devoir, la plupart du temps, être à l’origine de l’échange, cela m’a beaucoup aidé « à sortir de ma coquille » si je peux dire ça comme ça.
Et puis dans l’ensemble, le domaine de ce stage était quand même assez nouveau pour moi donc grâce à tout ce que j’ai réalisé chaque jour, aux événements auxquels j’ai participé et aux personnes rencontrées, j’ai pu développer de nouvelles compétences professionnelles, mais aussi, interpersonnelles.
Qu’est-ce qui vous a vraiment plu - et déplu - au Cambodge en dehors de l’aspect professionnel ?
Alors, pour être honnête, mon stage était de courte durée, donc je n’ai pas forcément de choses en tête qui m’ont déplu. Ce qui m’a beaucoup réconforté au Cambodge, ce sont les valeurs familiales de la culture cambodgienne. Vous savez, lorsque je suis arrivée ici, j’étais seule, loin de mes proches, et j’ai reçu une éducation très ancrée dans les valeurs du partage et de la famille. Même si c’était « seulement trois mois », je n’ai pas forcément l’habitude de ne pas ressentir cette « chaleur familiale ».
Et là, le fait que les locaux que j’ai rencontrés ici, notamment les employés de mon hôtel et du restaurant Khéma Pasteur, avec qui j’ai tissé beaucoup de liens, m’ont clairement permis de partager des moments avec eux, comme si j’étais en famille, c’était très précieux et inestimable pour moi.
Grâce à eux, j’ai vraiment des souvenirs inoubliables où nous avons partagé des repas tous ensemble « à la cambodgienne », comme ils me disaient, ou des moments où nous nous faisions écouter des musiques à tour de rôle et nous dansions sur des musiques traditionnelles cambodgiennes. Je leur en suis très reconnaissante et j’espère qu’ils ont conscience de tout ce qu’ils m’ont apporté chaque jour ici.
Dernière question, quelles sont vos perspectives d’avenir ?
Et bien, je vais poursuivre mon cursus de Master en France afin notamment de me spécialiser en relations internationales et développement de projets internationaux tout en continuant mes différents engagements associatifs.
Donc, je me dois de réussir mes études et si j’en ai l’opportunité, évidemment, j’aimerais revenir en Asie du Sud-Est et notamment au Cambodge dans le cadre d’un volontariat international type VIA, VIE, VSI ou encore d’un programme « Junior Professional Officer » (JPO).
Mais, je ne vais pas me fermer de portes, je vais continuer à avoir soif d’apprendre, à m’enrichir professionnellement dans différents secteurs et j’espère sincèrement pouvoir retrouver le Royaume du Cambodge pour une expérience professionnelle de plus longue durée.
Une volonté de fer pour cette jeune française où son envie et sa détermination se ressentent à la lecture de cet article. Bravo à elle!!!
Très belle expérience, bravo
Article très inspirant ❤️