Après avoir obtenu son baccalauréat en 2017, le Cambodgien Neuv Chansereyvuth s’est orienté vers une licence ès arts en français. Étudiant en deuxième année au département de français de l’Institut des Langues étrangères de l’Université Royale de Phnom Penh, il suit en parallèle un cursus de droit et d’économie. Him Imrorn l’a interviewé afin de savoir pourquoi il a choisi de suivre des études en langue française.
Him Imrorn: Qu’est-ce qui vous a motivé à opter pour des études en français, qui semble de nos jours une langue moins populaire que d’autres ?
La raison pour laquelle j’ai choisi d’apprendre le français est que j’aime cette langue depuis que je suis enfant, et que je l’apprends depuis le lycée. De plus, je pense que le français est une langue utilisée dans de nombreux domaines.
« Il faut ajouter que la francophonie est implantée au Cambodge depuis l’ère du Sangkum Reast Niyum, période s’étalant entre les années 1950 et 1960, et le pays était sous administration française depuis les années 1860 »
C’est la raison pour laquelle il y a beaucoup de documents historiques écrits en français.
Him Imrorn: Vous a-t-on motivé à apprendre le français ? Et à quelle carrière songez-vous ?
J’ai bénéficié des encouragements de mon grand-père, qui était professeur de français, et de mon frère, car selon lui apprendre le français pourrait me garantir un avenir meilleur. Plus tard, je souhaiterais étudier le droit en France, ce qui me permettrait de mieux connaître le monde tout en me créant de nouvelles relations.
Lui Imrorn : Pourquoi avoir choisi une licence plutôt qu’une formation plus courte ?
Suivre l’enseignement d’une école privée ne serait utile que pour mieux maîtriser la langue et la communication standard. Mais, pour un domaine spécialisé tel que le droit, une licence est à même d’apporter toutes les connaissances lexicales nécessaires.
Him Imrorn: D’après votre expérience, quelles sont les difficultés, mais aussi les joies d’apprendre le français ?
Je pense que l’apprentissage du français représente un véritable parcours semé d’obstacles. Il faut lire énormément de documents pour les recherches. Et il est difficile de trouver des occasions de pratiquer la langue, car il n’y a pas beaucoup de francophones aujourd’hui au Cambodge. Enfin, le français est une langue très complexe, tant au niveau de la grammaire que du vocabulaire, car il faut maîtriser les genres, les mots parfois surprenants, la conjugaison des verbes…
Mais c’est aussi amusant de se familiariser avec la culture française, et cela facilite la consultation des documents historiques et politiques, la plupart des documents des archives à partir des années 1860 ont été rédigés en français.
Comme il y a peu de francophones au Cambodge, je parle généralement français avec mes amis quand que je vais à l’école et communique avec mes amis français via les réseaux sociaux tels que Facebook et Instagram.
Him Imrorn: Dans le contexte actuel, les langues étrangères les plus populaires ici sont l’anglais et le mandarin. Quel est votre message à celles et ceux qui voudraient apprendre cette langue ?
Il est vrai que le chinois et l’anglais sont très populaires au Cambodge. Mais la diffusion croissante de ces langues entraînera une saturation de leurs locuteurs. La pratique de la langue française restera quant à elle stable, que ce soit à l’étranger ou au Cambodge, car le pays entretient de bonnes relations avec la France, qui accorde aux étudiants de nombreuses bourses chaque année.
« Je pense que parmi les langues étrangères, le français est l’une des plus importantes après l’anglais parce que la diffusion et le prestige de la francophonie demeurent élevés »
Après tout, le français est la troisième langue la plus parlée au monde. Et c’est une langue importante pour les jeunes Cambodgiens, car une grande partie de l’histoire de leur pays a été consignée en français.
Avec Cambodianess. Version anglaise ici…
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