Chers lecteurs, pour ce 3e volet des talents montants à travers le monde de janvier, Cambodge Mag retourne sur Paris pour vous faire découvrir - ou redécouvrir - un personnage aux talents multiples, dotés d’un génie créatif hors du commun et au parcours de vie atypique : le franco-khmer TONY S.KAY.
Entrepreneur dans l’âme et fondateur de THE FAMILY SAUCE, c’est aujourd’hui au DJ régulier des établissements MAMA SHELTERS en France et des événements comme ceux de DIOR BEAUTY (pour ne citer qu’eux), que nous nous adressons.
Entretien
Durant ton enfance parisienne, tu vivais avec ta famille à six dans un studio en sous-sol, quels furent les moments les plus marquants de cette époque ?
Notre vivre ensemble, notamment nos lits communs, ne m’évoque que de tendres souvenirs et une fratrie solide. Seul le regard extérieur, du fait que personne n’avait sa propre chambre, serait peut-être le point délicat.
Vers tes 12 ans, l’absence soudaine de ta mère t’obligera dans un premier temps à aller en foyer puis en famille d’accueil, comment s’organisera votre fratrie ?
Mes trois sœurs aînées ayant environ dix ans de plus que moi, elles devinrent mes mamans de substitution et nous étions quotidiennement en contact (notamment par téléphone).
Déconnecté de ce fait de ton environnement asiatique, raconte - nous ton anecdote avec les nouilles
J’avais ce besoin inconscient et probablement intrinsèque de rester lié à ma culture. Les nouilles, entre autres, et bien qu’en foyer je n’ai jamais eu la possibilité de les réchauffer, me permettaient de faire ce lien… Et de manger un peu plus à ma faim.
Tu obtiendras malgré les circonstances un BTS en management, cependant tu exerceras deux emplois simultanément en restauration et une idée germera alors concernant les tenues. Raconte-nous !
Dès mon plus jeune âge, j’aidais mes sœurs, propriétaires d’un restaurant. Et travaillant à cette époque simultanément dans divers établissements, la vision des serveurs aux multiples accoutrements me donna l’idée de proposer de véritables tenues standardisées. Et lorsque ces dernières ne convenaient pas aux restaurateurs, je les proposais directement au personnel.
Après un bref passage à Amsterdam, tu t’installeras à Lyon. Tu achèteras une affaire. Décris-nous cette expérience
En 2013, je reprends un établissement alors nommé LES COULISSES, avec un associé. L’endroit était auparavant connu sous le LIPS CAFÉ, un lieu à l’époque extrêmement controversé, fait que j’ignorais alors.
Quels furent les événements qui le portèrent vers le succès ?
Le rachat se fit en période creuse, et ce jusqu’à la fin août. Se produisit alors un événement inattendu : la privatisation par un client pour son anniversaire, avec des festivités dans l’opulence la plus totale. Puis l’idée d’immortaliser ce moment incroyable (par de multiples photos sur Facebook) fut probablement le déclencheur d’un second souffle à cet endroit, jusqu’alors plutôt calme.
Par la suite, nous mîmes en place des événements réguliers. De plus, LES COULISSES devint au fil du temps le rendez-vous incontournable des sportifs de haut niveau. Cela commença par les basketteurs, y compris ceux de la NBA, puis les footballeurs et d’autres athlètes de renom.
Et durant ces quatre années, le phénomène influenceurs n’étant pas encore ce qu’il est aujourd’hui, nous montâmes en équipe une véritable stratégie basée sur nos contacts.
La gloire amenant des ennemis, tu deviens une cible régulière d’agressions. Cinq ans plus tard, tu changes d’orientation. Raconte-nous !
Suite à des braquages et ceux-ci - entre autres - amenant des tensions au sein de l’équipe, je décidais alors de passer à autre chose. Le besoin de me ressourcer s’avérait plus que palpable. Il était devenu nécessaire à mon bien-être !
C’est également la période où mixer devient également un exutoire pour toi. Comment cela est-il arrivé ?
Durant cette période de remise en question, je fis, par l’intermédiaire de mon beau-frère, un bref passage dans le milieu des personnes handicapées. Je pris alors conscience de ma chance à ne pas en être, et en explorant de nouvelles possibilités, je fis mon choix sur le mix.
J’avais connu et appris cette discipline par le DJ de mon précédent établissement (aujourd’hui évoluant dans le groupe TRINIX qui a plus de 200 millions d’écoutes)
Ce fut suite à un empêchement de sa part que je me suis retrouvé à le remplacer de façon improbable… et la passion naquit !
L’aventure FAMILY SAUCE va de même voir le jour. Raconte-nous d’où naquit cette idée
Nous tombons en période de confinement et je suis alors responsable communication et médias pour un grand groupe de restauration. Lors d’un échange, j’émets l’idée de création d’une sauce diable (élaborée à base de jus de poulet) pouvant être proposée en accompagnement des poulets préparés que nous fournissions déjà.
L’idée n’étant pas retenue, je prends l’initiative de la réaliser moi-même. Puis un ancien client des COULISSES me demandant un envoi de cette dernière par la poste, je le fais ! Le retour positif est immédiat et je développe ce nouveau créneau depuis mon domicile.
Quels types de sauces proposeras-tu et qui participera à ce projet ?
En me basant sur les sauces que j’ai l’habitude d’utiliser telle la sauce d’huître, je constate que le glutamate s’avère un ingrédient que je supporte mal. Je revisiterais alors nos sauces traditionnelles pour en proposer avec une composition différente et plus saine à mes yeux.
Puis il y aura des concours. Quels sont-ils ? Quels en seront les résultats ?
Je participe alors au Championnat de France de Barbecue, qui correspond à ce que je recherche : de la technicité, mais dans une ambiance familiale et conviviale… J’irais en finale.
Puis le mix prenant une part importante dans ta vie, tu commences à jouer de façon officielle. Comment est arrivé ton premier contrat ?
Me frayant un chemin pour me faire connaître dans le monde du mix, je pris pour « cible » les établissements du MAMA SHELTER, dont l’ADN musical correspond à mes cordes (hip hop, R&B et Old school). J’obtins une date, et ma première performance étant un succès, ils commencèrent à m’attribuer des scènes régulières.
Dans quels « mama shelter » as-tu joué depuis ?
La plupart de ceux situés en France !
On a pu te voir notamment à l’affiche des évents DIOR BEAUTY. Comment cela est-il arrivé ?
Suite à l’un de leurs événements privés dans un « Mama Shelter » où je mixais ce soir-là ils m’apprécièrent et me proposèrent par la suite de couvrir nombre d’autres soirées de la branche DIOR Beauty.
Pour quels autres enseignes ou événements notoires as-tu été appelé ?
Entre autres Lululemon, le Plaza Athénée, le Food Society, le Off Paris Seine, le St Martins Lane à Londres, le Peninsula, les Novotel… ou encore le Shark Club a Pukhet ou le Sabay festival…
Puis l’année dernière, tu pars en voyage au Srok pour la première fois. Quel fut ton ressenti ?
C’était le 20 octobre 2023… et le choc émotionnel fut total. D’une part par la modernité de Phnom Penh, et d’autre part par le caractère battant des Khmers, leurs sourires constants et la bienveillance dans leur accueil de façon générale.
Quels furent notamment les endroits qui te marquèrent le plus et pourquoi ?
Phnom Penh m’a enchanté, mais Siem Reap reste mon coup de cœur.
Tu auras également durant ton séjour la possibilité de jouer là-bas. Raconte-nous cette expérience !
De rencontres fortuites avec des amis devenant des opportunités, je me suis retrouvé à jouer au PONTOON (par le biais de Dara Sabay)
À l’heure actuelle, tu es devenu DJ à temps plein. Quelles sont tes préférences musicales ?
Hip hop, R&B, Old school, Afro, Afro Caribbean
Quels seraient tes endroits de prédilection ?
Je n’en ai pas en tête en particulier, mais participer à des festivals demeure quelque chose qui m’attire énormément. Et soyons honnête, être asiatique peut être une barrière, car nous ne sommes pas mis en avant comme nous le devrions.
Comment te vois-tu dans trois ans ?
Confidentiel pour le moment. Mais je désire me concentrer désormais principalement sur ma carrière de DJ.
Propos recueillis par Chantha R (Françoise framboise)
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