Chers lecteurs, notre série de portraits atypiques continue et c’est à Londres que nous avons posé notre attention aujourd’hui pour vous présenter le jeune phénomène Léon UNG.
De père cambodgien et de mère indienne, ce talent prometteur triple gagnant du « UK street Dance Championships » peut se targuer d’avoir déjà joué dans un film détenteur d’un Oscar et d’être l’égérie de plusieurs grandes marques.
Cependant être métisse reste un challenge dans le monde du spectacle et c’est avec franchise et humilité que le jeune homme confie aujourd’hui pour Cambodge Mag ses pensées intimes sur le sujet.
Vous en quelques lignes
Je m’appelle Léon Ung. J’ai 13 ans et je suis né à Londres et je vis toujours ici. J’adore cette ville.
Vous baignez dans deux cultures, quelle est la place de la culture khmère dans votre éducation ?
J’ai beaucoup de chance d’être à la fois d’origine indienne et cambodgienne et d’embrasser les deux cultures. Je suis fasciné par les arts khmers et la danse traditionnelle, et en particulier le bokator. Mes grands-parents m’ont appris les bases de la langue khmère ainsi que la préparation des plats traditionnels cambodgiens.
Vous avez parlé il y a quelque temps de l’histoire du Cambodge. Parlez-nous de votre ressenti ?
Malgré ma tristesse liée à la souffrance du peuple khmer, je reste convaincu qu'il est important de toujours se souvenir de notre passé et du chemin parcouru.
Dans quelle mesure vous sentez-vous proche de cette culture ?
Définitivement féru de la cuisine cambodgienne, je la vis au quotidien notamment à travers des histoires de mes grands-parents sur leur vie au Cambodge.
Mais à Londres, il n’y a qu’une poignée de Cambodgiens, dont la majorité est liée quelque part à notre famille. Nous sommes venus ici ensemble sur le même bateau et avons séjourné dans le même camp de réfugiés en Angleterre.
Êtes-vous déjà allé au Cambodge ?
Je ne suis pas encore allé au Cambodge, mais j’ai hâte d’y aller un jour et de découvrir ma propre culture.
Quelles sont vos passions ?
Le breakdance demeure ma grande passion et m’aide à exprimer ma créativité et mon individualité. Le pratiquer me procure un grand sentiment de liberté. J’aime aussi évoluer sur les plateaux, entrer dans la peau d’un personnage ou réaliser des cascades.
Vous avez débuté très jeune dans le milieu du cinéma. Comment est née cette vocation ?
Mon frère aîné était acteur et quand j’étais jeune, je le regardais jouer sur la scène du West End. Il est devenu ma source d’inspiration.
Parlez de votre première rencontre cinématographique ?
Mon premier rôle fût dans film était « The Long Goodbye » dans lequel je jouais aux côtés de Riz Ahmed et il a remporté un Oscar ! C’était formidable de travailler avec les acteurs et l’équipe. J’ai beaucoup appris avec les réalisateurs, car j’ai dû improviser toutes les scènes. Il n’y avait pas de scénario !
Vous êtes également passionné par la danse. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre jeune carrière dans le milieu ?
J’adore le breakdance et je suis actuellement l’un des meilleurs breakdancers du Royaume-Uni dans ma catégorie d'âge. Je danse tout le temps, même quand je rêve !
« Je pense que je dansais avant de marcher. »
Quels sont vos meilleurs et pires souvenirs de votre jeune carrière ?
Mon meilleur souvenir en tant qu’acteur reste définitivement de filmer Matilda avec d’autres enfants ! Nous nous sommes tellement amusés, car il a été filmé pendant le Covid et nous avons tous séjourné ensemble dans un grand hôtel.
Comment voyez-vous les Asiatiques dans l’industrie ?
Chaque fois que je vois un acteur asiatique à l’écran, je me sens vraiment heureux, car je peux m’identifier à lui. Je pense que la représentation asiatique fait encore défaut,
Pensez-vous qu’une voie est ouverte pour les jeunes qui ont votre profil ? Ou trouvez-vous cela plus difficile ?
J’ai l’impression que c’est nettement plus difficile pour moi, car il y a rarement un casting qui recherche un métis asiatique. Mais récemment, la représentation asiatique a augmenté et j’ai eu la chance de décrocher des rôles passionnants.
Un jeune Métis comme vous, quelle est sa place selon vous en ce moment en Angleterre ?
Être Khmer à Londres relève du défi, car il y a un si petit nombre de Cambodgiens dans ce pays qu’il est donc difficile d’adopter une culture khmère. Lors de mon séjour en France, j’ai été choqué d’y voir une si grande communauté khmère.
Tout le monde a adopté la culture et cela faisait chaud au cœur à voir, surtout quand la musique khmère est arrivée et que tout le monde savait danser.
Être cambodgien dans l’industrie cinématographique est difficile, car nous ne sommes pas reconnus pour accéder aux rôles principaux. Mon objectif serait de changer cela.
Quels sont vos projets en ce moment ?
Récemment, j’ai réalisé quelques gros tournages qui seront bientôt diffusés, comme une grande marque de téléphones, une marque de vêtements appelée Pangaia, un court métrage, un film de Bollywood et un film de Disney qui sortira l’année prochaine.
Quels seraient vos souhaits professionnels ?
Mon rêve en tant que danseur serait de remporter la finale mondiale de breakdance du Redbull BC et, en tant qu’acteur, décrocher un rôle important, dans lequel je pourrais réaliser mes propres cascades pour un film Marvel.
Avez-vous des conseils à donner ?
Si vous avez un rêve, poursuivez-le et faites tout ce que vous pouvez pour l'atteindre et ne laissez personne vous contredire.
Propos recueillis par Chantha R (Françoise Framboise) - interview réalisée avec l'autorisation des parents de Léon Ung
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