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Photo du rédacteurChantha R

Diaspora : SINTHAC, se définir comme un Français d’origine sino- cambodgienne

Chers lecteurs, aujourd’hui nous retournons en France pour vous présenter le comédien SINTHAC. Né au Laos de père Teochew du Cambodge et de mère khmère, il est arrivé très jeune en France avec sa famille, cette dernière ayant eu la chance de pouvoir quitter le Srok avant l’arrivée des Khmers rouges.

Pour le Festival du printemps   Photographe @seedreeksphotography
Pour le Festival du printemps Photographe @seedreeksphotography

Désormais cadre de jour et performer Stand up la nuit, il raconte pour Cambodge Mag son parcours de vie parsemé d’épreuves et d’anecdotes parfois surprenantes, ses réussites et ses projets.

Tu as grandi à Mulhouse et tu évoques une enfance empreinte de craintes quotidiennes. Raconte-nous brièvement cette époque et ta scolarité

Mes souvenirs demeurent quelque peu mitigés, avec d’une part cette cité HLM où je subis de nombreux rackets et à l’inverse des images innocentes d’un enfant allant à la cueillette de champignons ou châtaignes.

Comment fut l’adaptation de tes parents dans cette nouvelle vie en France ?

Pas évidente forcément, surtout pour mon père totalement déclassé socialement comparativement à sa situation de commerçant établi au Cambodge. Quant à ma mère, elle devint confectionneuse de vêtements à domicile et passait énormément de temps à coudre.

Un changement radical s’opère notamment dans les études lorsqu’avec ta famille vous emménagez dans la banlieue parisienne. Quel est-il ?

Nous aménageons à mes 10 ans à Noisy-le-Grand et je passe alors de 1er de la Classe à… dernier.

Avec ses parents. Photo fournie
Avec ses parents. Photo fournie

Comment s’exprime la culture khmère dans ton éducation ?

Elle se transmet au quotidien dans l’assiette puis par les rituels culturels

Tu me contes une anecdote surprenante au sujet de la pratique du khmer dans ta jeunesse. Explique-nous laquelle et ses conséquences.

À mon entrée en CP, le directeur de l’école ordonne à mes parents de n’échanger avec moi désormais qu’en Français. Ma cassure avec la culture s’opère alors.

Devenu jeune adulte, ta timidité et ta gène finalement deviennent contradictoires avec les métiers que tu choisiras d’exercer. Lesquels sont-ils ?

Jusqu’alors ma timidité pouvait se qualifier de maladive.

« Je devais combattre le mal par le mal et je suis aujourd’hui responsable de coaching et relationnel pour une grande entreprise française. »

À une certaine époque de ta vie, tu obtiendras ta nationalité française et une histoire plutôt drôle se cache derrière le choix de ton prénom français. Peux-tu nous l’expliquer ?

Et bien devant trouver pour un prénom français pouvant supposément aider à l’intégration, je choisis tout d’abord Serge… mais ma mère n’arrivant absolument pas à le prononcer, je pris finalement Cédric.

De ce fait, comment choisis-tu de te présenter aux gens lors de tes premières rencontres ?

Et bien il s’agit finalement de la question la plus déstabilisante pour moi, car je ne sais jamais si je dois avancer mon prénom khmer ou mon prénom français.

Arrive la période de performer. Tu t’essayeras à l’improvisation puis au Slam pour finalement choisir le stand up. Ta vision de chacune de ses trois disciplines ?

J’ai pratiqué l’improvisation, le slam puis le Stand up.

⁃ La première m’a permis de développer mon sens de l’observation et ma capacité d’adaptation.

⁃ La seconde m’a permis de développer mon sens de l’écriture et l’habitude d’évoluer seul sur une scène.

⁃ La dernière correspond exactement à ce que je recherche. Elle réunit les avantages précédents tout en me permettant d’y ajouter une touche d’humour.

Pour lever  des fonds pour le Cambodge photo prise par  Charly Ho
Pour lever des fonds pour le Cambodge photo prise par Charly Ho

La période Covid amène son lot de surprises. Que se passe-t-il avec ton père ?

Le Covid écartant alors la majorité des asiatiques du système social et d’être catégorisé en tant que « chinois », il me vient l'envie d’en connaître plus sur mes origines. Je découvris alors que mon père était Teochew.

Une autre charmante anecdote te fut contée concernant le mariage de tes parents. Peux-tu nous la décrire ?

Mon père, issu de la bourgeoisie, était promis à une autre, comme le veulent nos coutumes. Mais il décida de ne pas écouter et suivit son cœur en épousant ma mère, issue de son côté d’un milieu paysan.

Suite à cela, comment définis-tu ton identité culturelle actuelle ?

Aujourd’hui je me définis comme un Français d’origine sino- cambodgienne.

Tu t’engages dans plusieurs projets concernant la communauté asiatique. Lesquels ?

Les podcasts comme Kiffe ta race, Asiatittudes ou banh mi. Je suis depuis engagé dans les actions avec Asiatittudes, en particulier pour aider dans l’événementiel.

Avec Asiatittudes et la présidente Mélanie Hong
Avec Asiatittudes et la présidente Mélanie Hong

Ta vision passée et présente du Srok khmer ?

Je qualifierais ma vision d’occidentale, car je ne connais pour l’instant le Srok que par ce que je vois dans les médias, ou que l’on m’a raconté.

Ton souhait le plus cher concernant une éventuelle future visite du Royaume ?

Je rêve d’y aller, car je reste persuadé que ce périple amènera les pièces manquantes à ma construction personnelle.

Enfin, as-tu des projets professionnels en cours ?

Mettre en place un spectacle de stand up d’ici 2025.

Propos recueillis par Chantha R (Françoise framboise)

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