C'est le 30 novembre au Centre Bophana de Phnom Penh qu'a eu lieu le lancement du roman graphique tant attendu « The Golden Voice », un hommage à la chanteuse cambodgienne Ros Serey Sothea, surnommée « la voix d’or » dans les années 1960.
La soeur de l'artiste, Saboeun a vu Serey pour la dernière fois il y a plusieurs décennies, avant l’évacuation de Phnom Penh. Lorsque la ville a été vidée de ses habitants, Serey Sothea a été envoyée à Kampong Speu par les Khmers rouges et y aurait été exécutée. Serey Sothea a toujours eu de nombreux fans au Cambodge et de plus en plus d’admirateurs à l’étranger, bien que sa carrière eut été interrompue après l’enregistrement d’un seul album solo.
Parmi les fans de Serey Sothea figurent l’auteur Gregory Cahill et l’illustratrice Kat Baumann, qui ont écrit ce roman graphique sur sa vie et sa musique, intitulé « The Golden Voice ». Ils viennent d’annoncer l’achèvement du projet ce mois-ci, après avoir commencé à y travailler en 2019.
La première visite de Cahill au Cambodge remonte à 2007, lorsqu’il est venu effectuer des recherches sur la vie de Serey Sothea. Il a rencontré Saboeun à Battambang et a beaucoup appris d’elle sur sa célébrissime sœur, notamment des détails importants qui l’ont aidé à faire revivre Serey Sothea sur le papier.
Il a également visité le village où Serey Sothea est censée avoir trouvé la mort pendant le règne de terreur de Pol Pot, et il affirme que les habitants semblent connaître beaucoup de détails sur ce qui s’est passé.
« Je suis retourné au Cambodge à de nombreuses reprises depuis lors. J’adore visiter le pays », déclare M. Cahill, producteur de télévision basé à Los Angeles et qui produit l’émission The Talk sur CBS.
M. Cahill explique qu’il a eu l’idée du roman graphique sur Serey Sothea lorsqu’il a vu le film City of Ghosts, sorti en 2003.
« En 2006, j’ai réalisé un court métrage à petit budget intitulé The Golden Voice, qui portait sur Ros Serey Sothea. Ce court métrage a suscité un grand enthousiasme et j’ai donc voulu réaliser un film plus important. J’ai écrit un scénario en 2008, mais au cours des dix années suivantes, je n’ai pu convaincre personne de financer le projet.
« Je pense que les sociétés de production avaient peur que ce ne soit pas rentable, ce avec quoi je n’étais pas forcément d’accord. Après dix ans, j’en ai eu assez que les gens me disent non. J’ai donc dû trouver un nouveau support pour cette histoire.
Et donc, au lieu de réaliser un film, j’ai décidé de produire un roman graphique. J’ai engagé l’artiste Kat Baumann pour commencer à travailler sur ce projet en octobre 2019.
« Il nous a donc fallu plus de deux ans pour terminer le livre », confie Cahill.
Il précise que ce qu’il aime chez Serey Sothea, et qu’il souhaite partager avec le reste du monde, c’est qu’elle était un pur talent sans ego. Elle venait d’un milieu agricole très modeste où elle a été élevée par une mère célibataire et où sa famille vendait simplement du riz, des fruits et des escargots bouillis pour s’en sortir.
M. Cahill souligne que Ros Serey Sothea n’avait au départ aucune relation sociale ou politique qui aurait pu favoriser sa carrière, mais qu’elle est quand même devenue la chanteuse numéro un du pays grâce à son seul et unique talent.
Selon lui, certaines personnes ont reçu un véritable choc lorsqu’elles l’ont entendue chanter en raison des qualités uniques de sa voix et de ses chansons d’amour décrivant de manière vivante de nombreux endroits du Cambodge.
Les lecteurs peuvent s’attendre à une histoire très puissante avec un mélange de drame, de politique, de guerre, de famille et beaucoup de philosophie sur la nature de la musique et des musiciens.
« Le livre est accompagné d’une bande sonore qui permet d’écouter la musique de chaque scène pendant la lecture. Nous avons également eu la chance d’avoir une introduction écrite par Sin Setsochhata, la petite-fille de Sin Sisamouth », explique M. Cahill.
La publication initiale est en anglais, mais M. Cahill a poussé l’éditeur à proposer une traduction en khmer. Il souhaite également que le livre soit traduit dans d’autres langues, mais le khmer a été la priorité pour des raisons évidentes.
« Je sais pertinemment que Ros Serey Sothea compte des fans dans le monde entier. Sur Internet, j’ai rencontré des fans de Colombie, de Suède et de Singapour. Il y en a partout. Mais cela ne me surprend pas, car la scène musicale cambodgienne des années 60 et 70 a été une époque magique dans l’histoire de la musique », dit-il.
« Je tiens également à remercier les nombreuses personnes qui m’ont aidé à mener à bien ce projet. Je dois tout particulièrement remercier Ros Saboeun, la sœur de Serey Sothea. Rien de tout cela n’aurait été possible sans ses conseils, ses connaissances et son soutien », déclare M. Cahill.
Pour plus d’informations, consultez leur page Facebook : @thegoldenvoicemovie
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