top of page
Ancre 1

Cambodge & Culture : Aborder les questions sociales par l’art avec Cambodian Living Arts

Le Raintree Cambodia accueillait récemment un événement, organisé par l’organisation Cambodian Living Arts (CLA) dirigé par Phloeun Prim et intitulé « Civic Participation through the Art in Cambodia ».

Panélistes lors du symposium : Lin Solinn (modératrice), Kim Hak, Say Tola et Chhit Chanphireak (de gauche à droite)
Panélistes lors du symposium : Lin Solinn (modératrice), Kim Hak, Say Tola et Chhit Chanphireak (de gauche à droite)

Une initiative qui a mis en lumière l’art, comme un outil puissant et porteur de voix pour répondre aux questions sociales sensibles, mais également, qui a identifié ses challenges et enjeux.

La célébration des arts par la jeunesse

Le symposium a débuté par la présentation du « Seven Colours Festival » par la docteure Amanda Rogers, Professeure associée en géographie humaine à l’université de Swansea.

Un festival initié par l’organisation Cambodian Living Arts (CLA) et organisé par des jeunes, qui se révèle être bien plus qu’un simple événement ; c’est une profonde et sincère célébration de la jeunesse, de l’art et de la société. Il témoigne de la façon dont ils peuvent être les moteurs du changement et avoir un impact significatif sur notre société. Ce festival aspire à responsabiliser et inspirer les prochaines générations d’artistes et de leaders civiques.

Comme l’a déclaré la docteure Amanda Rogers :

« Nous avons remarqué une différence entre la manière dont les artistes pensent que les arts sont liés à la société et la manière dont les jeunes imaginent cette relation. Les jeunes voulaient voir (et se sentaient plus proches) des œuvres d’art qui s’engagent plus immédiatement dans les questions sociales urgentes du Cambodge, dont beaucoup sont politiques — y compris le changement climatique, l’expression de l’identité et des droits de l’homme (par exemple, l’identité LGBTQ), les escroqueries et la démocratie. »

« Cependant, les artistes, en particulier dans les secteurs des arts du spectacle et de la musique, doivent marcher sur un fil en créant des œuvres qui abordent ce type de contenu, les incidents de censure étant plus susceptibles de se produire dans le domaine de la musique », ajoutait-elle.

Cela a donc soulevé la question de savoir comment les arts peuvent se connecter à la société et quelles sont les possibilités et les limites de cette relation. Question à laquelle les différents panélistes, spécialistes dans les secteurs des arts et de la culture, ont pu répondre.

Entre challenges et opportunités, l’art comme outil pour inspirer les changements dans la société

Le symposium s’est poursuivi avec l’intervention de plusieurs artistes khmers afin d’aborder leur art comme moyen de réponse aux différentes questions sociales.

« Les artistes doivent être capables d’aborder les questions sociales avec sensibilité et d’utiliser les différentes formes d’art pour les transmettre efficacement au public », a déclaré Chhit Chanphireak, Directeur exécutif de l’ONG Lakhon Komnit.

Il ajoutait : « L’art est un outil puissant pour mettre en lumière les problèmes sociaux et inspirer des changements dans la société. Les artistes devraient utiliser diverses formes pour communiquer ces questions au public d’une manière qui réduise leur sensibilité potentielle. »

De son appellation « Lakhon Komnit » signifiant « Théâtre de la pensée » en khmer, cette ONG organise des programmes et activités inclusifs et participatifs conçus pour aider les Cambodgiens à cultiver leur esprit critique. Une vision de l’art affirmée une nouvelle fois par son Directeur, Chhit Chanphireak.

« Notre organisation utilise le théâtre pour explorer des questions sociales et susciter des réflexions au sein d’un public allant des autorités locales à la population locale. Chaque représentation est inspirée des expériences des communautés cambodgiennes marginalisées, dans le but d’amplifier les voix non entendues au centre de chaque représentation. »

Comme l’explique donc Monsieur Chhit Chanphireak, les autorités locales ainsi que les membres des communautés marginalisées, les étudiants et les travailleurs de la société civile doivent y participer, car l’objectif est de permettre une discussion approfondie et collective sur les problèmes et les solutions.

Session de questions - réponses à la fin du symposium
Session de questions - réponses à la fin du symposium

Au cours du symposium, Kim Hak, photographe actuellement bénéficiaire d’une bourse Tremplin du CLA, a expliqué le cheminement professionnel parfois compliqué des artistes au regard de la société.

« Dans le secteur de l’art, même celui de l’expression en général, chaque artiste doit prendre en considération le contexte du pays et notamment ici, les politiques cambodgiennes et ce qui se fait dans les Instituts. »

Il a ajouté : « Les artistes internationaux sont aussi souvent confrontés à des difficultés lorsqu’ils établissent des liens avec des artistes cambodgiens dans le pays avec lequel ils souhaitent collaborer, ou vice versa. »

Dans sa quête professionnelle, il a évoqué son parcours de photographe :

« Comme il n’y avait pas de cours de multimédia dans le pays dans les années 1990, j’ai appris la photographie à l’étranger et je raconte des histoires à travers des photos », dit-il, ajoutant :

« Les artistes ont la liberté d’exprimer ce qui les intéresse, qu’il s’agisse de leur histoire, de leur communauté ou de leur pays. »

De son côté, Say Tola, écrivaine et chercheuse dans le domaine des arts, estime que la liberté d’expression artistique se heurte à de nombreux obstacles, notamment les politiques culturelles, les tendances et l’inspection du contenu par les autorités compétentes.

Elle a ajouté : « Le financement est également l’un des défis que doivent relever les artistes pour créer leurs œuvres. »

À la fin du symposium, les panélistes ont pu répondre aux différentes questions du public qui ont notamment tourné autour de la collaboration artistique, du lien entre l’éducation et l’art, mais également, du partage de connaissances.

Selon Say Tola :

« Nous avons besoin de l’art dans le secteur de l’éducation. Beaucoup de personnes pensent que c’est que du chant ou de la danse mais l’art c’est bien plus que cela. Ce n’est pas que du divertissement. »

Par rapport au domaine de l’éducation, l’inégalité des chances a été un sujet abordé notamment avec le manque d’accès dans les provinces, comme l’affirme Chhit Chanphireak : « Il est important de travailler avec la jeunesse mais il y a encore un manque d’accès pour les jeunes des provinces. Pour cela, il est essentiel d'avoir un catalyseur pour propulser les différents projets. »

Un moment d’échanges collectif et solidaire autour des arts qui a permis, une nouvelle fois, de prendre conscience de la singularité du Royaume dans ce domaine et du pouvoir qu’à l’art pour rassembler et porter des messages.

Pour plus d’informations : https://www.cambodianlivingarts.org/en/

Comments

Rated 0 out of 5 stars.
No ratings yet

Add a rating
bottom of page