Parce que le monde est aujourd’hui en proie à d’importantes crises successives — qui affectent le Cambodge à des degrés variés — il est apparu primordial pour la CCIFC (Chambre de Commerce et d’Industrie France-Cambodge) de faire le point sur ce contexte économique et géopolitique particulier.
L’ambassadeur de France au Cambodge, M. Jacques Pellet et M. Emmanuel Ly-Battallan, Conseiller économique de l’ambassade, qui est également l’un des nouveaux visages de cette rentrée, ont ainsi livré leur analyse et répondu aux questions d’une trentaine de ressortissants français membres de la CCIFC.
Malgré quelques zones de divergence entre la France et le Cambodge lors des différents évènements géopolitiques tels que la guerre ukrainienne ou le coup d’État en Birmanie, M. Jacques Pellet, ambassadeur de France, relève que le Cambodge est un interlocuteur qui a su être à l’écoute : « nous avons eu de nombreux débats et le Cambodge a eu une position très claire sur le sujet même si nous ne sommes pas toujours d’accord sur les sanctions concernant la crise en Ukraine ».
Il souligne la demande de S.E. Prak Sokhonn, ministre des Affaires étrangères et de la
Coopération internationale et envoyé spécial de l’ASEAN, de rencontrer l’ancienne présidente Aung San Suu Kyi, ce qui selon lui n’aurait probablement pas été possible des mois auparavant.
Quant à la position du Cambodge dans la rivalité entre les États-Unis et la Chine, il analyse que le pays arrive à trouver un juste équilibre entre ces deux grandes puissances. L’occasion en pleine présidence de l’ASEAN pour l’État cambodgien de s’affirmer sur la scène internationale.
S’inscrivant dans la stratégie Indo-Pacifique de la France, M. Jacques Pellet explique souhaiter un rapprochement plus important avec l’ASEAN. Il regrette que l’intérêt porté à l’association ait été aussi tardif, ce qui ne permet pas aux Français de participer aux groupes de travail bien que la France soit un de ses partenaires de développement.
Une relance fragile et hétérogène
Alors que l’économie mondiale est dûment touchée par les crises économiques, le Cambodge réussit à maintenir son cap. D’après le FMI, 5 % de croissance sont prévus pour 2022. Pour le Conseiller économique, M. Ly-Battallan, cela s’explique notamment par la politique d’ouverture des frontières du pays, ce qu’il met en opposition avec la politique chinoise du zéro covid. Mais il rappelle que si la relance est bien réelle, elle n’en reste pas moins fragile. Des secteurs tels que ceux de la construction ou du tourisme — comme en témoignent certains membres de la CCIFC — peinent à retrouver leur chiffre d’avant-covid.
Et en effet, si le Cambodge en tant que pays producteur de riz est relativement épargné par la crise alimentaire, ce n’est pas le cas pour la crise énergétique puisqu’il importe 100 % de son électricité. Et alors que les années précédentes le pays présentait un taux de 3 % d’inflation, il représente aujourd’hui 7 %. Pour contrer cela, le gouvernement met en place des mesures comme le chômage partiel, ce que M. Ly-Battallan qualifie comme « bien pour un pays en voie de développement ».
Des pénuries sont-elles à prévoir ?
À cette question, l’ambassadeur, s’il n’anticipe pas de pénurie de pétrole, envisage plus de difficultés quant au gaz. Ce qui est lié aux contraintes structurelles qui laissent très peu de marge de manœuvre.
Une demande d’éclaircissement sur le Volontariat International en Entreprise (VIE) a également été formulée. En effet, ce dispositif mis en place par l’État français semble être très prisé par les entreprises, mais plus difficile à mettre en place par les plus petites d’entre elles. M. Le conseiller économique explique qu’il y a des conditions à respecter, notamment celle de contribuer à l’économie.
Enfin, pour clore cette réunion, l’ambassadeur a rappelé qu’il rencontrera volontiers les opérateurs économiques et les ressortissants français dès que les circonstances le permettront.
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