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Photo du rédacteurChristophe Gargiulo

Cambodge & Communauté : Florian Bohême, rester actif toujours et encore auprès des Français du Royaume

À la moitié de son mandat de Conseiller des Français de l’étranger, Florian Bohême s’exprime sur plusieurs sujets: les bourses scolaires, les établissements de santé, la situation politique inédite en France, les Jeux Olympiques et même le dossier calédonien qui a quelques répercussions dans le pays.

Comment va Florian Bohême, à titre personnel et en tant que conseiller des Français de l’étranger ?

À titre personnel, je vais très bien. Ensuite, au niveau de mon mandat, j’essaie toujours d’être actif, d’être présent auprès de la communauté française. La rentrée va être assez active avec le forum que j’organise le 21 septembre avec plusieurs associations. Nous proposerons une animation escalade, donc cela, ça va être sympa pour les enfants à l’institut français le samedi matin. À noter que ce sera le même jour que la journée du patrimoine à l’Ambassade. Et donc, c’est Phnom Climb qui organisera l’animation avec un mur d’escalade mobile et de nombreuses structures françaises ou francophones seront présentes. Venez nombreux !

La rentrée va être assez active avec le forum que j’organise le 21 septembre avec plusieurs associations

Ensuite, j’essaie d’être toujours actif au niveau des bourses scolaires. Je proposerai une permanence à Siem Reap le 7 septembre et une autre à Phnom Penh le 10, spécifiquement pour répondre aux gens qui se posent des questions sur les demandes de bourses scolaires. Je rappelle qu’il y a deux commissions par an et les parents qui déposent pour la deuxième commission doivent le faire avant le 17 septembre. Donc c’est pour cela que j’ai souhaité organiser ces deux permanences. Il y a aussi l’école française de Battambang, mais là je suis en liaison directement avec la directrice.

« Forum de rentrée, permanences des bourses scolaires, cela fait trois temps forts en septembre. »

Je tiens à le rappeler, en tant qu’élu des Français de l’étranger je suis vraiment pleinement engagé - parce que parfois on oublie - que ce n’est pas un travail et que j’ai un métier, je suis chef d’entreprise. Je suis très honoré de servir la communauté française.

Quelles sont les difficultés et satisfactions de votre mandat ?

J’essaie vraiment de faire en sorte que l’information pour les Français au Cambodge sur tout ce qui concerne les démarches administratives soit la plus facile et la plus simple possible. À mi-mandat, il faut quand même rappeler que nous avons commencé avec la période du Covid. Nous étions encore sur ces histoires de restrictions, etc. Donc la première partie du mandat a été consacrée à cela. Et pour ma part, très rapidement, je me suis ensuite plongé dans les dossiers. Aujourd’hui, par exemple, nous parlons des bourses scolaires. Je commence vraiment à bien maîtriser la problématique. Un des enjeux principaux concerne notamment la transparence dans les demandes de bourse. Aujourd’hui, on voit que l’État français est de plus en plus vigilant là-dessus. Alors, certaines personnes peuvent se dire que c’est bien s’il existe une plus grande transparence.

Pour ma part, je dis aussi que c’est bien, mais je dirai également « attention ! ». Il ne faut pas que cette plus grande transparence se transforme en « flicage administratif » pour les familles. Et donc ça, c’est ce que j’ai perçu durant ces deux ans et demi de mandat, c’est vraiment de mieux comprendre les enjeux et comment faire en sorte que les familles, qui sont pour la plupart de bonne foi, puissent bénéficier de ce droit. Vous savez, sur les bourses scolaires, il y a un document qui fait 100 pages, et qui réglemente l’ensemble du dispositif.

Après, à côté de cela, il y a des petites victoires de tous les jours. Par exemple lorsqu’on parvient à régler un problème de retraite pour un concitoyen. J’ai encore effectué une intervention la semaine dernière à la demande de l’AEFC, une personne qui ne touchait plus sa retraite depuis avril 2022, tout simplement parce qu’elle rencontrait un problème administratif. Cette personne a voulu changer son compte en banque pour recevoir sa retraite. Ça n’a pas fonctionné et donc sa retraite a été suspendue pendant plus de deux ans. J’ai fait cette intervention et en 48 heures, le problème était réglé. Donc ça, c’est un motif de satisfaction, c’est du concret, des petits actes quotidiens en soutien à nos compatriotes.

Quels seraient les prochains challenges ?

Dans le futur ? Très honnêtement, concernant les défis des prochaines années, cela va être de conserver un service public consulaire qui soit à la hauteur de ce que la France propose pour les Français de l’étranger. C’est ça qui est important parce qu’aujourd’hui nous risquons une diminution du service public. Et moi je crois profondément qu’on a besoin d’un consulat qui fonctionne, comme aujourd’hui, avec des agents qui soient bien formés, ça, c’est très important.

« Les fonctionnaires de l’ambassade de France effectuent depuis toutes ces années un travail remarquable, difficile, et ils doivent être épaulés. Ils doivent être soutenus car le rayonnement diplomatique et consulaire de la France ne peut pas se faire en réduisant systématiquement tous les budgets. »

Et ça là-dessus, je mets juste en garde, parce que si nous voyons un appareil diplomatique qui s’affaiblit, cela veut dire que l’on risque d’avoir des communautés françaises moins fortes au Cambodge et dans la région.

L’équipe France est un dispositif complet avec des chambres de commerce qui font un travail formidable, des écoles et des lycées français de grande qualité. Ça, c’est la grande force de nos communautés françaises. Et ce réseau-là, il faut vraiment le maintenir. Moi, c’est ma grande inquiétude pour les prochaines années parce qu’on voit finalement que le délitement de l’appareil d’État français pourrait durablement impacter les Français de l’étranger.

Vous avez récemment effectué une visite à l’hôpital Cho Ray de Peng Huouth, rencontré et discuté avec son directeur, pour quelles raisons ?

Nous comptons aujourd’hui à Phnom Penh huit hôpitaux qui sont conventionnés avec la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) et qui peuvent donc pratiquer le tiers payant. C’est-à-dire que ces hôpitaux, quand vous y allez, que vous êtes adhérent de la CFE, vous n’avez pas de frais à débourser puisque le tiers payant est engagé.

Il y a en plus deux autres hôpitaux à Siem Reap.

Je souhaite qu’on puisse élargir la base de ces hôpitaux et c’est pour cette raison que j’ai visité Cho Ray il y a quelques semaines et c’est vrai qu’il y a plusieurs avantages directs. Il existe une communauté française dans cette partie de Phnom Penh, un quartier en pleine mutation qui est tout de même excentré. Nous avons de nombreux Français qui vivent là-bas. Donc, si demain, il y a un hôpital qui est conventionné par la Caisse des Français de l’Étranger dans ce quartier, c’est un point en plus.

Et, mon intervention va donc porter auprès de la Caisse des Français de l’Étranger et de son opérateur chargé de conventionner les hôpitaux. Si la Caisse des Français de l’Étranger est en fait un assureur, elle délègue l’animation de son réseau de conventionnement à VYV.

« Cette intervention sera donc faite pour deux hôpitaux dont Cho Ray afin de garantir une offre de santé plus large pour nos concitoyens. Je suis dans mon rôle précis de représenter les Français et de défendre leurs intérêts. »

Après, je ne suis pas professionnel de santé. Donc, ce n’est pas à moi de dire si tel ou tel hôpital remplit toutes les obligations. Par contre, de ce que j’ai pu voir en visitant ces deux établissements de santé, c’est qu’ils proposent des départements spécialisés pour accueillir des personnes étrangères et qui, la plupart du temps, ont des médecins francophones.

Un dernier mot sur les satisfactions au niveau local ?

Les choses bougent dans le domaine de l’éducation. Nous avons de nouveaux bâtiments pour l’école française à Siem Reap. Cela, c’est grâce aux parents qui se sont mobilisés d’une façon formidable, qui ont effectué le suivi des travaux et qui ont livré le projet à temps. Même chose pour le lycée français René Descartes qui est en cours d’agrandissement. Et donc je tiens vraiment à rendre hommage à cette communauté dynamique composée de parents bénévoles.

Pouvez-vous nous donner rapidement votre avis sur la situation politique en France, qui est un peu du jamais vu et qui pourrait inquiéter et peut-être avoir des répercussions sur la vie des Français de l’étranger ?

Au moment où nous enregistrons cette interview, 43 jours après les élections, il n’y a toujours pas de nouveau gouvernement en France. C’est une situation qui est extraordinaire. Je ne vais pas commenter cette situation parce que ça bouge de minute en minute. Par contre, les Français ont vu que je m’étais engagé dans la campagne électorale des législatives et que j’ai soutenu clairement le candidat de gauche, j’assume pleinement mes convictions. Face à la gravité de la situation, je reste un citoyen engagé et mobilisé.

Après cela, mon constat est qu’il faudrait une sixième république parce qu’on voit que la cinquième telle qu’on l’a connue et qu’elle a été créée par et pour le Général de Gaulle ne fonctionne plus. Je mettrais deux choses dans cette sixième république.

D’abord le retour à un mandat présidentiel unique de sept ans afin d’éviter cette hyperconcentration sur un seul homme. Ça, c’est le premier point si on veut une 6e République. Et le deuxième point serait une proportionnelle intégrale parce que toutes les démocraties européennes fonctionnent comme cela, sauf la France.

« À un moment, regardons aussi ce qui se passe autour de nous et ce qui fonctionne bien. Et je crois que la France aujourd’hui, à ce moment-là de son histoire, est prête à affronter ça. »

Les répercussions au niveau international sont claires, on ne va pas se mentir. L’image de la France est formidable avec les Jeux Olympiques et de l’autre côté, il existe une image au niveau politique qui est plus que discutable. Comment est-ce que notre pays aujourd’hui peut encore donner des leçons avec ce qui se passe en France ?

La situation politique dans laquelle nous sommes est de la responsabilité d’Emmanuel Macron et, je ne pense pas qu’il soit en mesure d’apporter une solution. Nous en parlons beaucoup, car, concernant le budget de la France, pour l’instant, nous ne savons pas encore ce qui va se passer. Avec mes collègues dans le monde entier, nous exprimons de grosses inquiétudes à propos des Français de l’étranger parce que l’impact sur le budget qui leur est consacré va être direct en fonction de la majorité qui va arriver demain. Les décisions qui seront prises ne seront pas les mêmes. Je voudrais quand même rappeler un exemple concret sur le Cambodge, c’est 150 000 euros en moins sur les bourses en 2024. C’est énorme et il ne faut pas le négliger.

Pour ma part, je me bats depuis presque un an maintenant pour l’organisation d’assises de la protection sociale des Français de l’étranger. Je veux qu’il y ait cette grande consultation des Français de l’étranger pour qu’ils puissent nous dire clairement ce qu’ils attendent aujourd’hui de la part de l’État, mais aussi de la part des acteurs privés de la protection sociale.

Cette consultation avait été acceptée par le précédent gouvernement, qui est démissionnaire. Je souhaite que ça soit une des priorités du prochain gouvernement.

Comme vous le savez, je siège à l’Assemblée des Français de l’étranger, et nous devons rendre un avis sur le projet de loi de finances de la sécurité sociale, à cette heure nous n’avons rien reçu. J’ai signé hier un courrier en direction du président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale pour demander à le rencontrer lorsque je serai à Paris au mois d’octobre, de façon à bien pouvoir flécher la situation des Français de l’étranger.

Parce que le sujet est là, dans la situation de crise vécue en France aujourd’hui, chacun comprendra que les Français de l’étranger ne sont pas forcément une question prioritaire pour certains politiques. C’est aussi notre travail à nous, élus locaux de terrain, de relayer ça pour être sûr qu’on ne soit pas complètement oubliés des arbitrages budgétaires qui seront pris.

Passons aux Jeux Olympiques, votre opinion ?

Alors, je suis resté à Phnom Penh tout l’été, mais j’ai suivi avec attention à la télé la cérémonie d’ouverture et les compétitions. C’est tout de même une immense fierté d’être français, on ne va pas se mentir. Je conserve cette image qui vraiment reste gravée en moi, en fait il y a deux images, il y a celle de la Seine, où l’on voit ces sportifs nager dans le fleuve, c’était quand même une superbe image de Paris, et la deuxième image que j’ai retenue est celle du site de compétition installé au château de Versailles pour les épreuves d’équitation.

site de compétition installé au château de Versailles pour les épreuves d’équitation

Ça, c’était un moment extraordinaire de voir ce stade installé directement dans les jardins du château. Ensuite, concernant la cérémonie d’ouverture, je dis ce que je pense, j’ai beaucoup aimé. D’ailleurs, ce que j’ai trouvé assez drôle en étant ici au Cambodge et en regardant les réseaux sociaux, c’est que nos amis qui ont commenté la prestation d’Aya Nakamura en disant que c’était nul, sont exactement les mêmes qui ont adulé la prestation de l’artiste cambodgien Vannda. Donc c’est quand même assez drôle qu’à deux semaines d’écart, quand on a une personne, parce qu’elle serait noire, je rappelle qu’elle est française, tout ce qu’elle pouvait faire, c’était nul. Par contre, quand on a le héros national Vannda qui vient à Paris, c’est formidable.

« Non, il faut dire les choses. Que ça soit Aya Nakamura, que ça soit Vannda, ou encore Céline Dion ou Lady Gaga, tous les artistes qui se sont produits ont apporté quelque chose d’extraordinaire. C’était beau, tout simplement, et cela donne envie d’aller en France. »

Enfin, pour moi, le plus important, c’est de savoir quelle sera l’empreinte que ces Jeux Olympiques garderont sur la France. Il ne faut pas oublier, nous avons eu la Tour Eiffel grâce à l’exposition universelle, puis le Stade de France, qui est quand même aussi un bijou, grâce à la Coupe du Monde. Maintenant, ce qu’il faut voir, c’est qu’est-ce qu’on garde de ces Jeux Olympiques pour faire avancer la France ?

Sur Paris, il y a au moins trois éléments extraordinaires. Ce serait la piétonnisation de la Tour Eiffel, parce que tous ces gens qui circulaient autour de la Tour Eiffel, c’était magnifique. Le deuxième point serait de garder la montgolfière avec la flamme, la vasque olympique parce que c’est une superbe technologie française bien avancée. Le troisième souhait serait de garder ces statues de femmes illustres qui ont été postées à différents endroits sur la Seine pour rappeler leur combat dans la construction de la France.

Vous avez également un point à soulever sur la crise calédonienne

Oui, c’est un sujet sur lequel je dois aussi faire une intervention, où là je vais poser une question au gouvernement. Je ne suis absolument pas spécialiste des questions en Nouvelle-Calédonie, je connais un peu son histoire, mais, malheureusement, je n’ai aucune attache spécifique sur cette île et ne connais pas en profondeur le dossier. Par contre, il y a des répercussions directes sur un certain nombre de Français de là-bas qui aujourd’hui quittent la Calédonie parce que la situation est trop compliquée sur place.

Finalement, plusieurs se retrouvent en Asie du Sud-Est. On l’a vu au Cambodge, avec une petite dizaine de Calédoniens qui s’y installent. C’est le cas aussi en Thaïlande et au Vietnam. Et aujourd’hui, ils ont des situations particulières dans leur parcours de vie de Français vis-à-vis de l’ensemble des grandes institutions. C’est-à-dire que vous avez la Sécurité Sociale calédonienne qui a signé une convention avec la Sécurité Sociale Française. C’est exactement la même chose pour les caisses de retraite. Il y a la CAFAT en Calédonie qui a signé des conventions avec les différentes caisses de retraite en France. Sauf que toutes ces conventions n’impliquent pas la notion de Français de l’étranger et donc il arrive que pour certains Calédoniens qui décident de s’installer à l’étranger, il y ait une perte ou une complexité dans l’accès aux droits.

Je vais soulever ce problème au mois d’octobre quand je serai à Paris à l’assemblée des Français de l’étranger parce que c’est un sujet qui concerne directement les Français de l’étranger.

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jj.mkn
Sep 09
Rated 3 out of 5 stars.

Merci pour votre article. Quid pour les hopitaux de Battambang ?

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