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Photo du rédacteurChantha R

12e Festival International du Film au Cambodge : SURVIVING BOKATOR, rencontre avec les producteurs

Le documentaire SURVIVING BOKATOR, œuvre clef qui a probablement contribué à l’inscription de cette discipline à l’UNESCO marquera définitivement une page de l’histoire du Cambodge.

Produit et réalisé par un couple d’étrangers sur une période de 10 ans, nous avons décidé pour Cambodge Mag de mettre en avant ce tandem atypique qui a consacré ces dernières années de leur vie à suivre l’évolution de notre art ancestral sur la scène mondiale.

Marc J Bochsler
Marc J Bochsler

Je vous propose donc aujourd’hui une rencontre intimiste et franche avec le Canadien Marc J Bochsler, réalisateur de ce documentaire exceptionnel, et son épouse Sandra Leuba, originaire de Suisse, la productrice. Tous deux amoureux du Cambodge, parents de deux enfants et « tandem de choc » résident actuellement à Toronto.

SURVIVING BOKATOR est depuis hier à l’affiche des cinémas du Cambodge

Travaillez-vous tous vos projets ensemble (lesquels) ou avez-vous chacun un background différent ?

Sandra Leuba
Sandra Leuba

Sandra et Mark : C’est en réalité notre premier projet commun… Mark est dans l’industrie depuis 30 ans. Alors que Sandra a un background en Finances. En 2009, Mark poursuivait des projets en Asie du Sud Est et lors de leur venue au Cambodge, il y trouva une source d’inspiration.

« Bien que non pratiquant des arts martiaux et possédant un nouveau matériel de tournage à ce moment-là et Sandra ayant toujours eu un intérêt pour le srok, nous décidâmes de faire concrètement la démarche d’y réaliser un projet cinématographique », raconte Mark.

Quelle est actuellement la place du documentaire immersif dans l’industrie nord-américaine ?

Sandra et Mark : Le domaine du documentaire reste en constante évolution. La principale difficulté demeure le financement de ce type de projets. Notamment avec l’apogée de nouvelles plateformes de streaming comme Netflix qui produisent leurs propres contenus, ou encore Amazon qui désormais ne supporte plus leur réalisation.

Le documentaire devient également un véritable business ; la difficulté réside désormais dans la recherche du juste milieu entre ce qui peut intéresser un réalisateur et ce qui peut intéresser le public.

Quand êtes-vous venus au Cambodge pour la première fois ?

Mark : En avril 2010

Sandra : en 2010. Un pays que j’ai toujours voulu visiter, notamment en raison de certains de mes amis khmers qui me montraient souvent Angkor Wat.

Quelles ont été vos premières impressions et qu’est-ce qui vous a le plus marqués ?

Mark : à chaque nouveau voyage, mon but est avant tout d’apprécier les différences entre l’endroit et celui d’où je viens.

Il est plaisant d’observer ce qui nous entoure avec un regard neuf, voire un regard d’enfant, et d’y trouver des détails que probablement des locaux, habitués à cet environnement, ne voient souvent plus. L’observation constante demeure mon meilleur atout.

Pour le Srok khmer, cela alla de la vision de tous ces gens à un ou plusieurs plusieurs sur un scooter et en flip flop aux us et coutumes quotidiens des habitants qui diffèrent de mon pays… ou bien encore la présence des singes un peu partout.

Et contrairement aux idées propagées jusqu’alors par l’industrie cinématographique, ma femme et moi-même y avons ressenti de la positivité, une joie de vivre, une présence permanente de la musique, et une grande richesse culturelle.

Sandra : m’attendant à trouver une population triste et abattue par son passé tragique, je fus littéralement surprise par la gentillesse, la générosité et la joie de vivre des Cambodgiens

Comment avez-vous connu le Bokator ?

Sandra et Mark : Avant notre venue, nous avions fait des recherches - en vain - sur les arts martiaux au Cambodge. Puis le grand maître publia sur Facebook au sujet de cet art martial et c’est ainsi que nous découvrîmes le Bokator.

Quelles étaient vos connaissances sur le Cambodge avant cette rencontre ?

Sandra et Mark : Notre vision du Cambodge notamment au travers de l’industrie cinématographique tournait principalement autour du génocide ou de l’appropriation du territoire.

Et comme mentionné précédemment, ces références allaient à l’encontre de notre ressenti lors de notre venue.

Comment avez-vous convaincu les personnages du film à accepter d'être suivis dans leur quotidien ?

Mark : En tant que réalisateur notre responsabilité est grande, car nous avons aussi un rôle de messager. Et si ce film documentaire n’apporte pas forcément des réponses, il s’efforce de présenter de nombreuses faces que peut-être peu d’entre nous connaissent.

Concernant SURVIVING BOKATOR, suite à notre rencontre avec le grand maître Kim Sean, le but était le suivi dans l’attente de la reconnaissance par l’UNESCO et la participation de l’équipe à la compétition des arts martiaux en Corée du Sud.

Sandra : pour moi le plus dur fut de convaincre avant tout le Grand Maître, l’acceptation de ses élèves dépendant de sa propre acceptation.

Votre film documentaire a été réalisé sur une période de 10 ans. Pourquoi ce choix

Mark : Le plan original était en réalité un suivi sur 7 mois. Lorsque le tournage commença, je me dis : partons du principe que l’UNESCO acceptera la demande et que la compétition en Corée sera un succès… et le Grand Maître ayant également de nombreux projets en cours afin de former les futurs maîtres, embarquons dans l’aventure !

Le documentaire en réalité se base finalement sur environ 7 ans, avec des éléments ajoutés pour les autres années.

Vous avez dû de ce fait faire un choix sur le contenu. Cependant l’histoire et la signification du Bokator (art de tuer le lion) n’y sont pas mentionnées. Est-ce volontaire ?

Sandra et Mark : Le sujet du film n’étant ni les arts martiaux ni leurs techniques, j’ai volontairement omis cet aspect, l’histoire par ailleurs ne démontrant aucunement la présence de lions au Cambodge…

Votre choix s’est porté notamment sur le suivi de la vie de Tharot oum Sam. Pourquoi ?

Sandra et Mark :

Sa motivation et sa dévotion pour le Bokator paraissaient sans précédent. Puis étant celle montrant le plus facilement ses émotions et son ressenti, elle devint naturellement celle que nous choisîmes de suivre dans l’intimité.

Sandra : je trouvais également important de montrer l’impact d’une jeune femme dans un milieu à dominante masculine

Plusieurs personnes sont atypiques dans l’équipe de Bokator. Notamment le fait qu’un Français y ait été accepté. Avez-vous songé à en faire un autre sujet ?

Sandra et Mark : Nous voulions faire de Surviving Bokator une histoire typiquement khmère.

Mais ces derniers restant cependant un élément clef à la bonne marche de la discipline, ils restent en « éléments de fond ». 

Vous avez également décidé de mettre en avant l’épisode des aventures en Corée du Sud. Pourquoi ce choix ?

Sandra et Mark : Cette manifestation demeure un élément clef dans l’histoire du Bokator. Ce fut la première fois qu’il allait pouvoir être représenté dans une compétition internationale - et événement de l’UNESCO - et ainsi être révélé au monde entier.

De nombreuses personnalités, issues de différents milieux, étaient présentées à cette avant-première. Comment s’est effectué ce choix ?

Sandra et Mark : Il était essentiel pour nous de faire venir des personnes issues de disciplines et de milieux professionnels différents, afin que chacun puisse à sa manière comprendre et propager leurs opinions respectives sur le film.

Lors de l'avant-première lundi dernier
Lors de l'avant-première lundi dernier

La ministre de la Culture reste un personnage essentiel à la réalisation de cet événement grâce à son aise précieuse et ses contacts. D’autres, officiels, ont eu une présence clef, comme le représentant de l’UNESCO ou encore l’embrassade de France, du Canada, le représentant des USA, de la Belgique et de la Suisse.

Une autre raison de la présence de ses différents gouvernements serait un projet éventuel commun, afin que chacun puisse dans le futur diffuser ou mettre en place des manifestations autour du Bokator

Quels impacts aimeriez-vous que ce film ait sur les néophytes ?

Sandra et Mark : Nous aimerions que ce film puisse servir non pas nécessairement à connaître le Cambodge, mais à découvrir « une expérience cambodgienne », quelque chose de différent de ce à quoi on puisse s’attendre en arrivant au Srok

Le tournage ayant eu lieu sur 10 ans, pourrait-il y avoir une suite à surviving bokator, (qui serait déjà dans le contenu) ou de nouvelles aventures encore sur le Cambodge ?

Sandra et Mark : Une suite sur le Bokator n’est pas envisageable. Nous préférons explorer de nouveaux sujets pour le futur, mais probablement encore sur le Cambodge.

Propos recueillis par Chantha R (Françoise Framboise)

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