Chronique actualisée proposée à l’origine par le regretté Thierry Descamps, Belge amoureux du Cambodge, et qui se définissait comme un « néo-expat », quelques chroniques des petits aléas de la vie d’un expatrié débarquant dans le royaume.
Bien vu, exprimé comme un candide, sans prétention et probablement utile pour ceux qui souhaiteraient en savoir un peu plus sur l’expatriation au Cambodge.
Aujourd’hui : Angkor et l’art khmer…
Nous avons eu la chance de découvrir Angkor Wat en 2010 peu avant que les hordes de touristes coréens et nippons ne traversent à toute vitesse le site au pas de l’oie et en rangs serrés derrière un porte-drapeau agitant un petit fanion.
Vu de loin ça fait un peu marabunta (la migration des fourmis rouges, oui, il y a des Chinois aussi en Amazonie). Je me demande sérieusement de quoi ils peuvent se souvenir, ce qui leur restera quand ils regarderont les photos de tatie Hiroko avec les petits enfants déguisés en lapins aux grandes oreilles au pied des tours.
« Voir le site en 1991 comme mon ami le Dr Philippe, ça devait bien sûr être autre chose. »
Mais il faut savoir se contenter de ce qu’on a et, pour ce qui concerne Angkor, c’est déjà beaucoup. L’année suivante, nouveau coup de bol puisqu’un ami de Pascal Royère, l’homme qui a consacré 20 ans de sa (courte) vie à la restauration du Baphuon m’a permis de rentrer sur le site après la fermeture. Voir le soleil se coucher depuis le Bayon (presque) tout seul c’est un pur instant de grâce. Seul un gardien pouvait briser ce sentiment d’harmonie.
Ben, il l’a fait … Les fois suivantes j’ai arpenté l’enceinte avec ma fidèle mobylette à la recherche de temples moins fréquentés. Je me suis perdu dans des chemins de traverse où on ne croise que des zébus et des paysans éberlués (et aussi un monsieur anglais très chic et son épouse tout aussi perdus que moi mais à pieds qui m’ont accueilli pour un brunch très Ascot sous les tropiques) avant de m’asseoir au bord du Bayon occidental, l’immense retenue d’eau d’irrigation de la cité. Rayon réglementation, l’autorité des temples (Apsara) a décrété de nouvelles mesures relatives à l’accoutrement de certains touristes.. Une mesure de bon sens destinée à ce que des Venus callipyges à moitié à poil et accessoirement rouge carmin ne se promènent pas en liberté sur le site (simple marque de respect).
C’est tout aussi judicieux pour des petits malins dans mon genre qui ont fait la (très) douloureuse expérience d’une chute (stupide) en tongs en dehors des chemins balisés. Le temps change très vite en saison des pluies à Siem Reap. Un grand ciel bleu peut être le prélude à un torrent de flotte !
Revenons à l’essentiel. Le musée national de Phnom Penh a été profondément relooké depuis ma dernière visite. Meilleure mise en valeur des pièces (souvent exceptionnelles) et supportant largement la comparaison avec le musée Guimet à Paris. Je suis un béotien total en matière d’art angkorien, mais un truc m’a frappé (et pas que moi).
« Certains éléments de la statuaire renvoient manifestement (du moins pour le susmentionné béotien) à des représentations de l’Égypte ptolémaïque et les traits de certaines sculptures paraissent quasi hellénistiques. »
Mon imagination débordante et un peu irrationnelle me conduirait presque à Alexandre qui, après avoir conquis l’Égypte, a lancé ses Macédoniens jusqu’aux frontières de l’Hindus. C’est sans doute trop beau pour être vrai, mais comme je ne postule pas au Collège de France, je peux me permettre de dire n’importe quelle connerie.
Une dernière pour la route ? En classe de seconde j’avais dû, comme tout le monde, proposer un travail de français sur un sujet choisi. C’était destiné à nous préparer à parler en public de manière claire sur des sujets qui n’intéressaient pas forcément tous nos petits camarades.
Pour une raison que je ne m’explique toujours pas j’ai choisi Angkor (à l’époque j’aurais peut être eu un peu de mal à situer le Cambodge sur une carte).
C’était en 1971. Plus de 40 ans après je débarque dans ce pays. La magie du Samsara ? Alors Angkor ? C’est un rêve sur l’eau. C’est un projet impensable mené sur plusieurs générations par les rois bâtisseurs. C’est la bascule de l’hindouisme vers le bouddhisme. C’est la découverte improbable par Henry Mouhot au 19ème de palais enfouis dans la jungle. C’est simplement beau !
Je lis ( ou relis ? ) avec plaisir cette chronique du regretté Descamps , chronique qui me rappelle mon grand frisson lors de mon premier contact avec Angkor en 2000. Merci.