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Aventure & Destination : Une Cambodgienne sur les traces des Cascades de la Mort

Militante écologiste, Pheng Sreysor se montre totalement dévouée à la protection des ressources naturelles du Cambodge en participant bénévolement à des missions de conservation de la faune sauvage depuis son adolescence.

Sreysor contemple la majesté de la nature à la cascade Chay 100 après un long voyage. Photo Unseen Cambodia
Sreysor contemple la majesté de la nature à la cascade Chay 100 après un long voyage. Photo Unseen Cambodia

Pheng Sreysor, qui fait également du bénévolat en tant que guide écotouristique dans la région de Rolerk Kang Cheung, dans les Cardamomes, raconte que sa première véritable expérience en milieu sauvage remonte à l’âge de 18 ans, lorsqu’elle s’est rendue à Prey Sangkruk Voan, dans la province de l’Oddar Meanchey, en 2014.

En plus de camper dans la forêt, Sreysor, qui a maintenant 26 ans, explore également les régions accidentées de nombreuses zones d’écotourisme du Cambodge — des plus hautes montagnes aux forêts les plus profondes.

« Depuis environ cinq ans, j’ai beaucoup parcouru le Cambodge, notamment les montagnes », raconte-t-elle.

« Avec tous les endroits magnifiques que j’ai visités maintenant, je doute que je sois même capable de les compter tous », ajoute-t-elle.

Récemment, Sreysor a passé 10 jours de randonnée pour accéder à la cascade Chay 100 — sinistrement appelée « Chutes de la mort » par certains des habitants des villages voisins.

Chay 100 est située au milieu de la forêt profonde des Cardamomes, à la frontière des provinces de Koh Kong et de Pursat, et se trouve accessible en partant de Khnong Phsa à Kampong Speu.

« Nous voulions trouver la cascade appelée Chay 100 », dit-elle. « J’ai entendu de vieux Cambodgiens dire qu’il existait une magnifique et imposante chute d’eau cachée au milieu de la forêt. Nous voulions donc savoir si c’était vrai et si nous pouvions trouver un moyen de faciliter la visite de la région par les randonneurs ».

Sreysor et un groupe de quatre autres amis sont partis à la recherche de Chay 100, accompagnés de trois guides de la communauté locale. Ils ont ainsi vécu une expérience inoubliable, mais pas tout à fait comme ils l’avaient espéré.

« Avant de partir, tout a été préparé pour un maximum de sept jours de randonnée avant le retour au village, y compris la nourriture, l’eau et les articles essentiels », se souvient-elle.

Aventure

Jours 1 et 2

« En partant, nous avons immédiatement découvert que le terrain était très accidenté. Il montait et descendait, traversant parfois des ruisseaux. Nous n’avons pas beaucoup reposé nos pieds. Après avoir escaladé des collines pendant plus de trois heures, nous sommes arrivés comme prévu au cours supérieur de la rivière Stung Anties », raconte Sreysor.

Sreysor pose devant la chute d'eau « Death Falls », ou Chay 100. Photo Unseen Cambodia
Sreysor pose devant la chute d'eau « Death Falls », ou Chay 100. Photo Unseen Cambodia

Kbal Stung Anties est leur second arrêt pour la nuit. Le repos est indispensable pour disposer de l’endurance nécessaire afin d’atteindre leur destination sans épuiser leurs réserves d’eau, surtout en mars, le mois le plus chaud et le plus ensoleillé de l’année au Cambodge.

Jours 3-4

Les aventuriers prennent leur petit-déjeuner et partent en randonnée dans la montagne jusqu’à midi. Après leur pause déjeuner, ils projettent de poursuivre leur chemin pendant trois heures supplémentaires.

« Après notre pause, nous marchions depuis environ une heure lorsque les guides ont arrêté tout le monde et nous ont annoncé que nous avions perdu notre chemin. Nous avons tourné en rond, jusqu’à ce que nous apercevions un vieux sentier », raconte-t-elle.

« Nous avons continué à marcher le long de la montagne jusqu’à environ 17 heures, sans entendre le bruit de l’eau que nous espérions. Il faisait déjà nuit lorsque les guides — qui avaient maintenant l’air aussi inquiets que nous — nous ont dit que nous devions retourner jusqu’à Kbal Stung Anties », raconte Sreysor.

Le quatrième jour, le groupe marche jusqu’à 17 heures et il n’y a toujours aucun signe de Chay 100. Ils campent sur un petit plateau couvert de rochers et de racines où ils passent la nuit après avoir réalisé qu’ils sont toujours perdus.

Cinquième jour

Le groupe entame sa recherche avec plus de précautions cette fois, s’arrêtant pour boire toutes les deux heures tout en traversant une jungle infestée de sangsues terrestres qu’il faut enlever à intervalles réguliers.

Le groupe arrive s’approche de la rivière Chay 100, puis se rend compte que le cours supérieur n’est pas du tout là où ils l’attendaient et qu’il faut encore crapahuter à travers la forêt et traverser des ruisseaux à gué pour l’atteindre.

Sreysor en haut des Chutes de la Mort. Photo Unseen Cambodia
Sreysor en haut des Chutes de la Mort. Photo Unseen Cambodia

« Plus nous marchions, plus notre destination semblait s’éloigner. Le soleil se couchait et les guides ont commencé à penser à trouver un endroit pour passer la nuit, car si nous avancions davantage, il ferait nuit noire, nous serions exposés à flanc de montagne et chaque pas que nous ferions dans n’importe quelle direction serait potentiellement dangereux », explique-t-elle.

Jour 6

Sreysor se souvient d’avoir contourné un virage du sentier, puis un autre et encore un autre, d’avoir traversé des vallées, l’une après l’autre, dans de l’eau à hauteur de la taille, de s’être accrochée à des lianes et à des rochers pour grimper à travers des sentiers étroits, jusqu’à ce qu’elle soit si fatiguée que ses jambes se mettent à trembler et qu’après sept heures de randonnée, tous les muscles de son corps lui fassent mal.

« Les guides nous ont précédés et ont commencé à chercher le sentier, mais à leur retour, ils nous ont dit qu’ils ne trouvaient aucun signe de Chay 100. J’ai alors commencé à désespérer », avoue-t-elle.

Septième jour

Sreysor raconte que le septième jour a été le plus difficile de tous. Ils l’ont passé à escalader des parois rocheuses et à s’accrocher à des lianes, et chaque pas était « une bataille de volonté, son corps lui criant d’abandonner, mais son mental lui répétant qu’il fallait continuer ».

« Nous avons réussi à grimper d’un gros rocher à un autre, encore et encore, de plus en plus haut, si haut que je n’osais plus regarder en bas », raconte Sreysor.

« Lorsque nous avons atteint la crête, j’ai ressenti un soulagement, mais ensuite nous avons dû marcher jusqu’au sommet de la montagne ».

« J’ai entendu quelqu’un crier et je me suis dit “et maintenant ?” et je m’attendais au pire, mais après un moment, j’ai compris que les guides criaient qu’ils avaient repéré la cascade, cette fois avec certitude. Le simple fait de l’apercevoir a apaisé mes douleurs et mon cœur a recommencé à se remplir de joie », raconte Sreysor.

Sreysor en haut des Chutes de la Mort. Photo Unseen Cambodia
Sreysor en haut des Chutes de la Mort. Photo Unseen Cambodia

« Après avoir mangé, nous avons marché environ une heure en aval jusqu’à Chay 100 et nous avons pris des photos au niveau supérieur et à la deuxième section. Nous voulions descendre jusqu’à la base de la cascade, mais nous n’avons pas trouvé de moyen d’y accéder et nous avons pu prendre des photos seulement depuis les hauteurs, puis il s’est mis à pleuvoir et vers 17 heures, nous sommes retournés à notre dernier campement », raconte-t-elle.

Huitième jour

Le matin, après avoir pris d’autres photos de la chute d’eau, le groupe a entrepris de remonter la montagne pour en descendre l’autre versant et enfin rentrer chez eux. Les guides leur ont dit qu’ils devraient marcher pendant une journée jusqu’à Stung Anties et camper une nuit de plus avant de retourner au village.

L'expédition Chay 100 passe à gué un ruisseau pour atteindre son objectif. Photo Unseen Cambodia
L'expédition Chay 100 passe à gué un ruisseau pour atteindre son objectif. Photo Unseen Cambodia

« Nous pensions que nous allions dans la bonne direction, mais nous avons grimpé et descendu pendant quatre heures et demie et il faisait presque nuit et nous n’avions pas encore trouvé Khnon Srouch. Nous ne pouvions pas continuer dans l’obscurité, alors nous avons campé pour une nuit supplémentaire », raconte-t-elle.

Neuvième jour

Sreysor pensait que la journée avait bien commencé, mais dans l’après-midi, un des guides a crié qu’il venait d’atteindre Stung Trang, une partie basse de Chay 100.

« Je l’ai entendu et je ne pouvais pas le croire, car il était 15 heures et il nous restait très peu de nourriture », dit-elle.

« Si nous nous reposions à Stung Trang, il était clair que nous ne pourrions pas atteindre le village le lendemain »

L’équipe a passé la neuvième nuit à camper dans la jungle avec très peu de choses à manger à part de la bouillie de riz, que les guides ont du rationner, car c’était essentiellement la seule nourriture qui leur restait.

Dixième jour

« Vers 7 heures du matin, nous avons commencé à marcher jusqu’au sommet de la montagne puis jusqu’à Anties. Après, nous nous sommes arrêtés pour nous débarrasser des sangsues et déjeuner. Après avoir mangé, nous avons continué jusqu’à Khnong Phsa et nous sommes finalement rentrés au village juste avant la nuit, ce qui était un soulagement, car personne ne voulait d’une autre nuit de camping ou d’une minute de randonnée supplémentaire.

Soulagement

“Notre aventure a duré 10 jours — trois jours de plus que ce que nous avions prévu — et nous avons marché tout ce temps. Chaque pas était une lutte et vers la fin, il n’y avait pas assez de nourriture ou d’eau et les sangsues terrestres n’arrêtaient pas de nous mordre, car nous saignions de partout à cause de nos éraflures. Ma force physique en tant que femme est peut-être inférieure à celle des hommes, mais ma volonté m’a permis de surmonter ces obstacles grâce à ma passion indéfectible pour la nature. J’ai l’impression qu’après cette expérience, je suis prête à tout, car je sais maintenant que, quelle que soit la difficulté du voyage, je peux y arriver”, confie Sreysor.

La jeune aventurière se dit impatiente de partir à la découverte des merveilles naturelles du Royaume, mais quiconque a l’intention de suivre ses traces doit le faire de manière responsable, prévient-elle.

“Les randonneurs peuvent explorer en toute sécurité sans perturber la nature et la faune”, dit-elle.

“Limitez le nombre de touristes et ne laissez pas des hordes d’entre eux affluer au même endroit en même temps. Veillez à ce qu’ils soient éduqués sur le comportement à adopter dans la nature et envoyez toujours avec eux des guides locaux qui veilleront à leur sécurité — tout en préservant la faune et l’environnement”, conseille-t-elle.

Raksmey Hong avec notre partenaire The Phnom Penh Post

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