HOR Sounsrors réunit toutes les qualités d’une entrepreneuse créative et pleine de passion. Elle est à l’origine du projet Rokhak, une entreprise fabriquant objets et accessoires à base de jacinthes d’eau, qui a permis à une quinzaine de Cambodgiennes vivant sur les bords du lac Tonlé Sap de devenir financièrement autonomes.
Histoire d’une belle initiative :
C’est avec un grand sourire bien cambodgien que la pétillante Sounsrors montre régulièrement sacs, boites et autres petits accessoires élégants et joliment tressés étalés sur son stand lors de nombreuses expositions et foires artisanales.
Au début
Rokhak – traduire par « plantes » en langue khmère est une entreprise sociale qui naît en 2016 alors que la jeune femme, qui travaille déjà avec les communautés du lac, constate les difficultés que rencontrent les habitantes des villages lacustres qui restent au foyer et s’occupent de leurs familles.
« J’avais vu dans ces communautés qui vivent dans un environnement lacustre, donc assez difficile, que les enfants étaient désireux d’aller à l’école, mais leurs parents n’en avaient pas les moyens », explique Sounsrors. C’est ainsi qu’est née tout simplement l’idée du projet Rokhak ; créer une opportunité de travail pour les femmes vivant sur le lac afin qu’elles puissent envoyer leurs enfants à l’école.
Srounsors ajoute : « Je voulais moi-même devenir une femme indépendante et transmettre l’esprit d’indépendance non seulement à moi-même, mais aussi à de nombreuses autres femmes. Cependant, de nombreuses Cambodgiennes vivant dans les zones rurales ne peuvent pas facilement devenir indépendantes. À 17 ans, je me suis mariée et j’avais des journées bien remplies avec les tâches ménagères. Ainsi, beaucoup de jeunes femmes ne peuvent pas aller à l’école et ne sont pas conscientes de l’importance de l’éducation ».
« Je veux dire à ces personnes à quel point l’éducation est importante dans la vie, j’ai créé Rokhak parce que je voulais aider des femmes vivant la même expérience que moi »
La jeune Cambodgienne explique également que les mères doivent s’occuper de plusieurs enfants, n’ont pas forcément elles-mêmes reçu d’éducation et doivent se contenter des seuls revenus du foyer qui sont ceux du père de famille. « Cette situation perdure et risque de durer encore si nous n’aidons pas les mères de famille à acquérir un minimum d’autonomie financière », dit-elle.
Au démarrage du projet, Rokhak ne comptait que cinq bénéficiaires, elles sont aujourd’hui quinze, originaires de trois communautés différentes, à vivre de ce projet.
Bonnes raisons
La fabrication de paniers tressés à base de jacinthes d’eau est une vieille tradition et, outre l’aspect économique avantageux de développer cette activité, de créer une entreprise sociale était aussi pour Sounsrors l’occasion de perpétuer cette tradition. L’avantage d’exploiter cette plante est également environnemental, car la jacinthe d’eau, malgré son appellation poétique, est une espèce envahissante susceptible de menacer l’écosystème déjà fragile du Grand Lac. Avec ses racines longues et denses et une croissance très rapide, elle constitue une menace sérieuse pour les animaux marins et les poissons.
Utiliser la jacinthe d’eau
L’avantage de cette plante est son côté multi-usage. Sa fleur est consommée comme garniture supplémentaire avec du plat traditionnel khmer, le Prahok, mais l’intérêt est surtout de pouvoir tisser un matériau facilement disponible pour fabriquer des objets de la vie quotidienne, comme un panier, une boite, un tapis de sol, un dessous de verre et bien d’autres. Sounsrors explique :
« L’intérêt de la jacinthe d’eau est qu’elle pousse en abondance, qu’elle ne coûte rien et qu’on la trouve partout sur le lac. Les femmes ont donc aussi le temps de s’occuper de leurs familles. »
Le processus de production de jacinthe d’eau est relativement simple. Première étape, il faut couper et récolter les plantes du lac. Les feuilles sont ensuite coupées et séchées au soleil jusqu’à ce qu’elles changent de couleur. En général, le processus ne prend pas plus de deux semaines. Le tressage peut alors commencer en humidifiant légèrement les plantes pour les rendre plus souples et malléables.
C’est ainsi que les tisserandes seront ensuite en mesure de proposer leurs splendides créations originales.
Actuellement, Rokhak se concentre sur le développement de nouveaux produits tels que des housses de coussin qui sont en cours de fabrication. Désormais, je ferai de mon mieux pour cibler non seulement les touristes, mais aussi les locaux. »
« J’ai ressenti une fois de plus l’importance de travailler dur même dans les moments difficiles », conclut la jeune femme.
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