Elle sera ce soir au Rosewood pour présenter son livre « SAOY : The Forgotten Flavours of Royal Cambodian Home Cuisine », au sein d'une exposition exclusive. Retour sur le parcours de Rotanak Ros.
Claire Nelson vient de New York et débarque à Phnom Penh pour affaires. Le soir même, après son long voyage, elle décide de se rendre dans le restaurant très cambodgien de Cheffe Nak .
Selon la tradition khmère, à leur arrivée, les invités enlèvent leurs chaussures, mais se lavent aussi les pieds et les mains avec une lotion à la bergamote avant d’entrer dans le spacieux restaurant.
Pour la première fois de sa vie, la femme d’affaires découvre l’hospitalité locale et dîne dans une maison traditionnelle cambodgienne en bois, entourée de verdure et de bruits d’oiseaux avec une brise soufflant à travers les feuilles vertes fraîches.
« C’était ma première expérience. Chaque plat est méticuleusement cuisiné avec amour à partir d’ingrédients locaux et modernes. Le plat est vraiment très bien conçu, délicieux, et les boissons constituent aussi une expérience inoubliable », dit-elle.
Situé dans la commune de Prek Luong dans l’actuelle ville d’Arey Ksat, à environ sept kilomètres du ferry de Kampong Chamlong Svay Chrum, Home Dining offre un service unique ainsi qu’une expérience historique, culturelle et artistique.
Cheffe Nak explique qu’il ne s’agit pas d’un restaurant, elle vise simplement à proposer un endroit « merveilleux » pour les visiteurs et les aider à se sentir chez eux.
Bien que la maison de style champêtre soit spacieuse, la cheffe ne reçoit pas beaucoup de groupes d’invités en même temps, car elle veut que les clients se sentent privilégiés.
Cheffe Nak explique que lorsqu’il y a de nombreux groupes, elle doit disperser son attention pour chacun d'entre eux, il devient donc difficile de les garder concentrés, car chaque plat a une histoire qu’elle tient à raconter.
La Cambodgienne apprend également à connaître chaque invité pour savoir d’où il vient et quelles sont ses préférences gastronomiques, afin de pouvoir préparer facilement les plats qu’il aime et éviter tout mécontentement de la part des convives.
« Nous nous concentrons principalement sur les clients auxquels nous souhaitons apporter plus qu’un repas ordinaire, mais leur faire vivre aussi une expérience culturelle.»
Nous avons aussi construit deux maisons traditionnelles khmères en bois dans les provinces de Siem Reap et de Battambang.
« Tout cela va donc au-delà du simple fait de manger. Je veux montrer notre histoire, notre culture et notre art. Et chaque fois que nous recevons des invités, nous organisons un concert pendant le repas », précise Cheffe Nak, ajoutant que les invités peuvent également apprendre à cuisiner avec le chef directement, faire les courses et acheter les ingrédients ensemble.
La cheffe Ros Rotanak, de son vrai nom, raconte qu’elle avait prévu d’ouvrir ces restaurants et pensions de famille au début de l’année, mais qu’elle a retardé son projet en raison de la chute du tourisme. Cependant, comme les clients ont commencé à faire des réservations, elle reçoit petit à petit des groupes depuis octobre 2022.
Situé dans la ville d’Arey Ksat, Cheffe Nak voulait une atmosphère qui ne soit pas loin de la ville, et l’ambiance des repas donne l’impression de se trouver dans un village ou une ferme. On entend le bruit des grillons et des oiseaux et les clapotis de la rivière.
Pour la cheffe, il existe de nombreuses options similaires à Siem Reap et que c’est en fait Phnom Penh qui manque d'établissements de restauration dans un cadre traditionnel.
Cheffe Nak confie qu’elle se sent fière que les étrangers viennent découvrir la cuisine khmère et qu’ils contribuent ensuite à la faire connaître à d’autres amis dans le monde. Mais, ce dont elle a le plus besoin, ce sont des clients cambodgiens qui sont prêts à dépenser pour cette expérience. 80 % des visiteurs étaient des étrangers et 20 % des Cambodgiens pendant le Covid-19. Actuellement, les locaux représentent 60 % et les visiteurs étrangers 40 %.
« Les Cambodgiens veulent quelque chose de spécial et de privé. Nous essayons de faire de notre pour gagner leur cœur », dit-elle.
Ly Sophallin, PDG et directrice financière de Smart, a organisé deux voyages au restaurant de Cheffe Nak pour les conseils d’administration de la société, une fois avant la crise sanitaire et une autre après. Toute son équipe, composée d’étrangers et de locaux dit avoir apprécié la nourriture khmère proposée.
« Il n’y a pas que les étrangers, même les Cambodgiens sont intéressés par l’accueil traditionnel, en particulier par la cuisine qui leur rappelle le passé. Même si nous pouvons continuer à manger des plats comme les crevettes frites et la glace aromatisée ailleurs, la maison de cheffe Nak est unique et nous rappelle notre enfance », dit-il.
Elle reconnaît que la cuisine maison de Cheffe Nak est chère, mais elle fournit plus de services qu’un simple repas, chaque plat étant décrit avec son histoire et ses origines.
« Avant de commencer à manger, la patronne décrit l’histoire de chaque plat et nous fait voyager dans le temps, et les invités étrangers sont également très intéressés », ajoute Sophallin.
Concernant les prix élevés qu’elle pratique, Cheffe Nak argumente :
« Pour deux personnes, un grand repas coûte 700 dollars. Je veux dire aux Cambodgiens que la cuisine khmère n’est pas pauvre. Elle sera pauvre si nous pensons et continuons à penser qu’elle l’est. », dit-elle.
Cheffe Nak sert cinq plats allant des amuse-gueules aux plats principaux, en passant par les soupes et les desserts. Elle propose également un programme de séjour chez l’habitant axé sur l’art de la cuisine khmère pour les touristes amateurs de gastronomie.
Cheffe Nak a également ouvert le « Cheffe Nak Culinary Arts Centre », qui dispose d’un laboratoire alimentaire. Ce centre est un lieu d’étude, de recherche et d’expérimentation de nouveaux plats et ingrédients khmers tels que le jus de palme, le vinaigre de banane ou le pha'ak — un produit à base de poisson fermenté comme le prahok, mais moins connu à l’international.
site Web : https://www.chefnak.com/
Hong Raksmey avec notre partenaire The Phnom Penh Post
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