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Photo du rédacteurLa Rédaction

Archives & Parcours : Yim Maline, La France est ma deuxième maison…

Yim Maline est diplômée de l’école d’arts Phare Ponleu Selpak. Ambitieuse, cette jeune Cambodgienne décidera de s’envoler pour la France afin de préparer les Beaux-Arts. En travaillant pour financer ses études, elle reviendra dans le royaume diplômée, fière, et artiste accomplie. Elle se confie :

Yim Maline travaillant sur l’exposition ‘’Décomposition’’ à Siem Reap
Yim Maline travaillant sur l’exposition ‘’Décomposition’’ à Siem Reap

CM : Parlez-nous de votre formation

J’ai commencé par des études d’art à Battambang, une école française qui initie des enfants et jeunes adultes de la région aux arts et aux métiers du cirque. J’ai commencé à l’âge de 14 ans. Cela a duré neuf ans. Ensuite, je suis partie en France poursuivre des études d’art. J’ai passé tout d’abord un an à Beauvais, où j’étais en classe préparatoire. Et après cela, j’ai étudié le Français à la Faculté de Caen. Ensuite j’ai passé le concours d’entrée aux beaux-arts dans cette même ville où j’ai obtenu en 2010 ma licence avec les félicitations du jury. Je n’ai pas voulu continuer au-delà car je ne souhaitais pas rester deux ans de plus en France. J’avais envie de revenir au pays.

CM : Vous avez dû travailler pour financer vos études…

Je n’avais pas pu obtenir de bourse pour financer mon séjour. Je travaillais donc durant l’été. Je récoltais des légumes dans les champs. D’ailleurs, cet épisode de ma vie fut un souvenir marquant. Travailler tout l’été fut vraiment une expérience intense car c’était très difficile et il fallait tenir le coup. Je passais mes journées sous le soleil brûlant, et à certains moments du soir il faisait très froid.

« Je gagnais environs 1600€ et, avec mon copain, nous pouvions vivre avec ça pendant un temps (rires) »

De temps en temps un Français, Jean Obaton, nous aidait à financer nos études. Jean est un peu comme ma famille, c’est un vieux retraité qui habitait à Caen à l’époque. Je crois qu’il a 93 ans maintenant. Je l’ai connu quand j’étais à l’école d’art de Battambang. Je suis partie en France grâce à lui. Il m’a aidée pour mes démarches administratives. Un jour, au terme de ma scolarité là-bas, il m’a demandé : “Maline, veux-tu poursuivre tes études en France ?” J’ai tout de suite répondu : “Bien sûr !”.

CM : Avez-vous de bons souvenirs de la France ?

Je n’oublierais jamais cette partie de mon passé. Je suis vraiment très fière de ce que j’ai accompli en France car j’ai connu la difficulté, et j’ai persévéré. J’ai travaillé vraiment dur lorsque j’effectuais mes études et ce n’est pas un hasard si j’ai obtenu des bonnes notes à l’école. J’avais aussi dans l’idée qu’étant la seule cambodgienne dans cette école, je devais montrer l’exemple.

Œuvre de Yim Maline

Œuvre de Yim Maline


CM : Vous êtes-vous bien adaptée en France ?

J’y aurais passé six ans au total. Tout était difficile au début, mais j’étais là avec un objectif : Je voulais réussir mes études. À cette époque, changer de culture était compliqué. Aujourd’hui il y a au Cambodge des supermarchés, des restaurants occidentaux, tout a vite évolué. À mon époque, il n’y avait rien de tout cela.

« Quand je suis partie vivre en France, ce fut comme un choc. C’était un nouveau pays, une nouvelle culture, tout était vraiment nouveau. Donc, les premières années ce n’était pas facile. Je ne savais même pas comment manger du fromage, du jambon, tous ces petits détails…»

Puis, je me suis bien adaptée à la vie française, au climat, à la culture, à la nourriture. C’est un peu mon deuxième pays à présent et il me manque beaucoup. C’est bientôt Noël et cela me rappelle la France. Je me souviens de l’odeur des crêpes dans la rue, du chocolat, de la Sangria…(Rires).

Décomposition de Yim Maline

Décomposition de Yim Maline

CM : Que pensez-vous avoir appris de la France ?

J’y ai appris beaucoup de choses : l’histoire de l’art, les techniques, l’esthétisme. Mais, j’y ai surtout compris l’essence de l’art, comment l’appréhender, trouver des références et s’inspirer. Si je n’étais pas partie en France, je n’aurais peut-être pas pu comprendre tout cela et m’accomplir comme artiste.

CM : Etes-vous en contact avec des alumni ?

J’ai gardé le contact avec beaucoup d’alumni, notamment ceux de mon milieu professionnel. Je les vois de temps en temps, mais j’aimerais pouvoir avoir plus de contacts avec des artistes francophones. Après mon départ vers le Cambodge, j’ai gardé de très bons contacts avec mes anciens professeurs. Certains sont même venus me voir au pays. Inversement, quand je fais des expositions en France, je leur rends visite et je les invite à mes expositions. C’est important de garder des contacts.

CM : Quelle a été votre activité lors de votre retour dans le royaume ?

J’ai ouvert mon atelier à Siem Reap en 2010, j’ai fait quelques expositions au Cambodge, au Canada et en France. J’ai également participé à des résidences autour du monde : Japon, Etats-Unis, Afrique du Sud. J’organise aussi des expositions dans mon atelier de Siem Reap assez régulièrement.

CM : Quels seraient les conseils que vous pourriez donner aux jeunes générations ?

Par rapport à mon expérience en France ? Je ne sais pas (rires). Je leur conseillerais d’être prudents, d’envisager un travail alimentaire au moins au début. Mais, le meilleur conseil que je pourrais leur donner c’est de bien parler le français avant de partir vers l’Hexagone. Il faut avoir des contacts avec des familles françaises et constituer son propre réseau, c’est indispensable et, bien sûr, il faut bien travailler.

Propos recueillis par Marie Srey-Lys Joanny, photographies fournies par l’artiste.

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