Cambodge Mag ouvre ses archives et remet à la une quelques-uns des nombreux portraits, interviews et photos de celles qui nous ont aidé à rendre le magazine vivant et attrayant au fil des années. Aujourd'hui Sok Voleak...
Sok Voleak est représentante nationale de France Volontaires Cambodge. La Cambodgienne fait aussi partie de la commission France Alumni car, ayant découvert le Français pendant ses études à l’Institut National de l’Éducation, elle veut partager son expérience et aussi ce qu’elle considère comme une chance.
CM : Parlez-nous de votre enfance…
J’ai grandi à Phnom Penh. Au lycée, je voulais devenir pharmacienne. Mais, pour entrer à la faculté de médecine, je devais maîtriser le Français. J’ai donc décidé de prendre des cours à l’Alliance Française, pendant deux ans. Entre temps, pour tester mon niveau de langue, j’ai passé l’examen d’entrée à l’Institut National de l’Éducation, qui propose une formation de deux ans pour devenir professeur de Français dans les collèges… J’y suis donc entrée. J’ai ensuite obtenu un poste de fonctionnaire au collège. Pour tester de nouveau mon Français, j’ai décidé de tenter le concours d’entrée au département d’études francophones (DEF), pour la licence ès Lettres Françaises de l’Université Royale de Phnom Penh. Et je l’ai obtenu !
CM : Avez-vous continué le Français par plaisir, par nécessité professionnelle ?
Pendant mes deux ans à l’Institut National de l’Éducation, j’ai appris le Français de manière intensive, sans vraiment pouvoir découvrir la beauté de la langue. Ayant obtenu de bons résultats, j’ai décidé de poursuivre dans cette voie. Je souhaitais ne rester que trois mois au DEF, le temps de pouvoir repasser le concours de médecine.
« Je me suis alors prise de passion pour le Français, la culture et la civilisation… Au bout des trois mois, j’ai décidé d’abandonner la médecine ! »
CM : Avez-vous eu l’occasion de découvrir la France ?
À la fin de mes études à l’Université Royale, j’ai obtenu une bourse pour effectuer un stage d’été à l’Université de Besançon. Je rêvais ensuite de préparer un Master en France ou au Canada, mais j’ai trouvé un travail après mes études, en 2004.
CM : Qu’est-ce qui vous a le plus surprise, en France ?
Pas grand-chose, car à l’Université Royale, nous avions déjà beaucoup appris sur les traditions et les habitudes françaises… jusqu’à savoir ce qui se mangeait au petit déjeuner. La seule difficulté a été le rythme de conversation des Français qui est parfois très rapide. Ça m’a particulièrement impressionnée, quand je suis arrivée pour la première fois à l’aéroport.
CM : Quel est cet emploi que vous avez trouvé, en 2004 ?
J’ai travaillé dans une petite ONG cambodgienne Sovann Phoum. Elle a été créée par une ONG française, Enfants & Développement. J’ai été recrutée car je parlais Français. L’une de mes taches était justement de rédiger des rapports en Français. Ensuite, je me suis occupée du projet de créer Enfants & Développement Cambodge. En 2010, j’ai finalement rejoint France Volontaires, d’abord en tant qu’adjointe puis comme représentante nationale de cet organisme en 2014.
CM : Parlez-nous de France Volontaires
C’est un organisme français qui envoie des volontaires à l’international depuis 1963. Il existait auparavant sous le nom d’Association Française des Volontaires du Progrès. Depuis 2010, l’appellation, mais aussi le concept, ont évolué. Nous avons mis en place des « Espaces volontariats » dans différents pays, comme celui dans lequel je travaille. Nous y mettons en relation les Français à la recherche de missions et ceux qui cherchent des volontaires. En fait, nous aidons à l’insertion.
CM : Quelles évolutions voyez-vous dans le volontariat au Cambodge depuis 2010 ?
Les volontaires sont rassurés sur la sécurité et les démarches, ce qui a permis d’en attirer plus. Nous avons aussi développé un programme de réciprocité, à travers lequel nous envoyons des volontaires cambodgiens en France.
Cela fait partie d’une démarche d’encouragement de la francophonie initiée par l’État français. Au Cambodge, France Volontaires permet de mieux appréhender et de mieux implanter le concept du volontariat.
CM : Vous faites également partie de la Commission Alumni…
Le Français m’a permis d’être embauchée à mes différents postes. Faire partie de la commission Alumni, c’est pour moi une démarche de reconnaissance, c’est aussi l’envie de partager cette expérience.
Au sein de France Alumni, je m’efforce de porter la voix des étudiants du département d’études francophones, mais aussi, et surtout de ceux qui sont partis en tant que volontaires en France.
CM : Des projets pour le développement de ce réseau ?
Certains réseaux alumni organisent des galas, des rencontres pour partager témoignages, expériences et informations.
Au DEF, il manque encore cela. Avec la commission France Alumni, nous avons aussi pour objectif de trouver un référent par domaine afin de proposer des programmes !
Propos recueillis par Adèle Tanguy
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