Seng Sopheap est le président de l’Institut National des Postes, Télécommunications et Technologies de l’Information et de la Communication (NIPTICT). Ancien boursier parti préparer sa thèse à Grenoble, il fut l’un des premiers Cambodgiens à avoir obtenu un doctorat en informatique.
Seng Sopheap est le président de l’Institut National des Postes, Télécommunications et Technologies de l’Information et de la Communication (NIPTICT)
CM : Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai poursuivi mes études d’ingénieur informatique à l’Institut de Technologie du Cambodge (ITC). J’ai ensuite obtenu une bourse d’une année pour obtenir un diplôme d’étude approfondi (DEA) en Belgique. Puis j’ai travaillé pendant deux ans en tant que professeur à l’ITC. Au Cambodge, il n’y avait pas de bons doctorats en informatique. Or dans ce métier, se former dans la recherche est primordial. À l’ITC, j’avais la possibilité de partir faire une thèse en France, et j’ai saisi l’opportunité. Je suis parti en 2004 à Grenoble, et j’ai travaillé au Laboratoire Informatique de Grenoble (LIG).
CM : Et après le retour de France, qu’avez vous fait ?
Quand je suis revenu avec ma thèse, j’ai rejoint l’Institut de Technologie du Cambodge pour enseigner. On m’a tout de suite proposé le poste de chef de département informatique. Pour être tout à fait honnête, je faisais partie de la première promotion d’élèves à partir en France. J’étais le premier à avoir obtenu une thèse en informatique à l’ITC, on ne m’a pas ouvert les portes, elles étaient déjà ouvertes automatiquement (rires). J’avais à gérer 300 élèves en tant que chef de département en plus d’être professeur. La mission à l’époque était de développer les activités de recherche afin de monter un autre master en technologie mobile. On m’a ensuite proposé il y a 4 ans un poste au NIPTICT en tant que directeur de cette nouvelle école. NIPTICT est le premier établissement d’enseignement supérieur spécialisé en informatique et fonctionne sous la tutelle du Ministère des Postes et Télécommunications.
CM : Avez vous eu de bons souvenirs de la France ?
Oui, Grenoble est une très belle ville, assez étudiante. Ce qui m’a le plus marqué c’était la montagne, et plus particulièrement le ski. Pour les étudiants, le forfait à l’année était très peu cher. On voyageait souvent aussi, je me souviens avoir visité Nice, Rome, Venise en train. Nous dormions dans le train et au réveil, on allait visiter dans une nouvelle ville, puis on remontait dormir dans le train (rires), même avec un petit budget on peut quand même voyager !
CM : Comment s’est passé votre séjour ?
La bourse BGF ne pouvait pas entièrement financer mes études j’ai donc travaillé en tant qu’assistant au laboratoire pour réaliser ma thèse. Il y avait à peu près 200 personnes au laboratoire où je travaillais et j’ai gardé de bons contacts avec eux, nous collaborons régulièrement ensemble. Heureusement, je n’avais pas de difficultés avec la langue française, grâce à mon année passée en Belgique.
CM : Est ce que vous avez le sentiment d’appartenir à un réseau d’ancien étudiants ?
Il y a trois écoles qui envoient en masse des étudiants en France : l’ITC, l’Institut Royal de Droit et d’Economie et la Faculté de Médecine. Entre anciens élèves, nous nous connaissons tous très bien et nous sommes parfois amenés à travailler ensemble. En revanche, nous avons moins de contacts avec les jeunes. Le réseau France Alumni a fait des efforts pour rassembler anciens et jeunes étudiants, cependant je pense que le secteur commerce et sciences sociales possède un réseau plus important que nous en technologies.
Les anciens étudiants partis en France sont souvent des acteurs majeurs au niveau économique et politique. Par exemple, notre ministre des affaires étrangères, Prak Sokhonn est un ancien boursier. Ministres, professeurs, il y en a à tous les niveaux. Il faut arriver à capitaliser tout cela et pour l’instant les rencontres sont peut être un peu trop formelles. C’est peut-être tout à fait normal, Quand l’Ambassade nous aide, nous faisons moins d’efforts pour nous rassembler.
CM : Avez-vous quelques conseils pour aider les nouveaux étudiants qui partent en France ?
Premièrement, il faut vraiment essayer de s’ouvrir, les étudiants cambodgiens ont tendance à rester entre eux, nous avons une communauté cambodgienne très accueillante en France. Il faut sortir de sa zone de confort pour découvrir une nouvelle culture, une nouvelle gastronomie et apprendre la langue afin de s’intégrer. J’ai dû faire un effort assez important à ce niveau là.
CM : Deuxièmement, il faut essayer de voyager le plus possible, en France et en Europe. La France possède de très beaux endroits et il faut en profiter.
Et surtout, il faut bien réussir ses études. Je le mets en dernier car je ne suis pas très inquiet à ce niveau là, le taux de réussite étant souvent assez élevé au niveau des résultats académiques de nos étudiants. La sélection est très bonne, beaucoup feront les efforts nécessaires pour réussir.
Propos recueillis par Marie Srey-Lys Joanny
Comments