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12e Festival International du Film au Cambodge : Revivre l'histoire avec la 317e section

Dans le cadre du programme « Regards croisés sur notre histoire commune », les organisateurs du12e Festival International du Film au Cambodge proposent une série de films à même de proposer différentes réflexions sur les bouleversements et les changements que la région a connus à partir des années 50, à travers le regard de cinéastes qui se sont interrogés sur la guerre.

La 317ème section photo de tournage - Pierre Schoendoerffer - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal
La 317ème section photo de tournage - Pierre Schoendoerffer - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal

Parmi ces films, le célèbre long métrage « 317e section », tourné au Cambodge par Pierre Schoendoerffer, lui-même ancien prisonnier de guerre au Vietnam après la défaite française à la bataille de Diên Biên Phu. Une version restaurée présentée pour la première fois dans le Royaume.

Intrigue

La 317ème section est un film de guerre français en noir et blanc écrit et réalisé par Pierre Schoendoerffer, qui se déroule pendant la première guerre d'Indochine (1946-54). Le film est basé sur le roman éponyme écrit par le cinéaste en 1963. Le film a été restauré en 2010 par StudioCanal et la Cinémathèque française avec le soutien du Fonds Culturel Franco-Américain - DGA MPAA SACEM WGAW. Une restauration supervisée par Pierre Schoendoerffer et Raoul Coutard.

Pierre Schoendoerffer - Photo de tournage La 317ème section - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal
Pierre Schoendoerffer - Photo de tournage La 317ème section - 1964 - Collections La Cinémathèque française © Studio Canal

L'intrigue

En 1954, alors que se déroule la bataille de Dien Bien Phu, la 317e section, composée de supplétifs laotiens, d'un officier français et de plusieurs sous-officiers, reçoit l'ordre de se rendre au poste de Tao-Tsai, au nord du Cambodge. De là, elle espère rejoindre un terrain ami et être évacuée vers Kratieh sur le Mékong.

Les chefs de la section sont le sous-lieutenant Torrens et l'adjudant Willsdorff, un soldat expérimenté qui en est à son troisième tour en Indochine. Willsdorff est un Alsacien qui a été incorporé de force dans la Wehrmacht et a combattu sur le front russe.

L’un des sous-officiers, le sergent Roudier, est mortellement blessé lors d’un premier affrontement déclenché inutilement par la verve de son officier. Les troupes laotiennes font confiance au prudent Willsdorff, qui connaît les ficelles du métier et dirige le peloton à travers les marais et les forêts tropicales du Cambodge.

Quelques provisions sont parachutées à la section par un avion français, mais une partie du chargement est larguée dans les lignes ennemies. La fatalité frappe à nouveau et le lieutenant Torrens finit par mourir. Finalement, Willsdorf l’abandonne pour se réfugier auprès des tribus montagnardes Moï.

Tournage

Le film a été tourné avec une équipe de six personnes au milieu d’une forêt cambodgienne pendant la saison des pluies. Le réalisme extrême est constant tout au long d’un film captivant tourné à peine dix ans après les événements réels. La routine, les exercices et le jargon des militaires français sont parfaitement décrits. « J’ai imposé un régime militaire strict à tout le monde », explique Schoendoerffer. « Un film de guerre ne doit pas être fait dans le confort ».

Restauration

Les équipements de tournage sont limités : deux caméras Cameflex, un magnétophone Nagra et un groupe électrogène pour recharger les batteries ; l’équipe technique est réduite, six techniciens dont Raoul Coutard pour la direction de la photographie. L’apport de Coutard à ce film est essentiel, selon les mots du réalisateur :

« J’ai été aidé au-delà de toute mesure par le plus grand chef opérateur français, Raoul Coutard, qui a accepté de tourner dans des conditions terribles pour obtenir une photographie juste. »

C’est donc naturellement que les choix décisifs de la restauration de l’image ont été confiés au directeur de la photographie. À l’origine étaient un négatif usé, qui avait souffert du tirage de trop nombreuses copies, et un marron combiné, tiré relativement tôt à un moment où le négatif est encore intact, finalement choisi comme élément de départ pour le travail sur l’image.

Raoul Coutard a ainsi étalonné l’élément numérisé en 2K (afin de limiter les pertes d’une duplication photochimique classique), ce qui nous permet d’obtenir un élément de tirage fidèle à l’image telle qu’elle était souhaitée à l’origine.

Quant au son, le réalisateur confiait alors à Télérama (18 avril 1965) :

« Tout le film a dû être postsynchronisé. Mais j’ai passé le double de temps normal pour un film de ce genre, à enregistrer les acteurs et à monter les bruits que j’avais pris au Cambodge. Quand Bruno Cremer s’écrie à un moment : “ Bande de c… », il faut que le spectateur reçoive cela comme un coup de poing. Les mots, les voix, cela aussi fait partie de la guerre. »

Nous sommes donc repartis de bandes magnétiques originales, dont la restauration a été orientée par Pierre Schoendoerffer. La Cinémathèque française et StudioCanal ont confié les travaux photochimiques et numériques à L.T.C., le laboratoire d’origine.

Réception

Le film a été présenté au Festival de Cannes 1965, où il a remporté le prix du meilleur scénario. Il a été le 21e film le plus populaire au box-office français en 1965.

En 2018, l’historien militaire Sir Antony Beevor a désigné La 317e section comme « le plus grand film de guerre jamais réalisé », « suivi de près par La Bataille d’Alger de 1966 ».

Distribution

Jacques Perrin, sous-lieutenant Torrens

Bruno Cremer : l’adjudant Willsdorf

Pierre Fabre, sergent Roudier

Manuel Zarzo : caporal Perrin, opérateur radio

Boramy Tioulong : sergent supplétif Ba Kut

 

Consulter le programme complet du 12e Festival International du Film au Cambodge

Source : Serge Toubiana, Béatrice Valbin-Constant et Camille Blot-Wellens - Cinémathèque française


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